Le hashtag #ViolencesPolicieres a été régulièrement en «top tendance» sur les réseaux sociaux. En parallèle, des enquêtes de journalistes ont révélé les propos racistes, misogynes et homophobes d’un groupe privé Facebook composé de policiers et de gendarmes. Des propos intolérables, pour lesquels leurs auteurs doivent être condamnés.
Pour autant, évitons la généralisation et le jeu dangereux de certains médias qui soufflent sur les braises de la scission républicaine en instrumentalisant des faits isolés, aussi graves soient-ils, sous la pression des mouvements d'extrême gauche et de certaines associations de banlieues à tendance communautaire. Encore une fois, il n'y a pas de violence institutionnalisée en France, ou plus simplement de violence d'État. Ceux qui pensent le contraire mentent et le font par intérêt politique et personnel.
Doit-on désavouer et clouer au pilori toute l’institution ?
La profession, contrôlée de manière très suivie et professionnelle par l’IGPN, doit sanctionner durement ceux qui débordent et franchissent la ligne rouge. En effet, il y a un devoir d’exemplarité renforcé quand on est détenteur de l’autorité publique. Le monopole de la violence légitime accordé à l'État et décrit par Max Weber ne peut s'entendre que si celle-ci est légitime, c'est-à-dire si elle s'inscrit dans un cadre légal et moral partagé par toute la société.
La police française est à l’image de la société française : elle est diverse et multiethnique. Elle abrite bien sûr en son sein des brebis galeuses, des racistes, des antisémites, des misogynes et des homophobes. Le contraire serait étonnant, car elle est composée d’hommes et de femmes avec leurs qualités et leurs tares, à l'image de la société dans laquelle nous vivons. Mais cela reste une minorité de cas, dont les débordements sont abondamment relayés par les réseaux sociaux et les manifestations de militants anarchistes de gauche (antifa), de jeunes de banlieues qui, souvent, se servent de ces cas pour cracher leur haine de la France, et de mouvements communautaristes qui rêvent d'une scission avec les valeurs de la République.
Rappelons tout de même que depuis des années, cette profession est minée par le manque de reconnaissance, de moyens, par des horaires de travail difficiles, par la faiblesse des salaires et des conditions de travail déplorables… Les policiers souffrent et le nombre de suicides dans cette profession l’illustre malheureusement que trop. A cela s’ajoutent les menaces physiques, les guets-apens dans les cités, les familles qui ne sont pas en sécurité, les actes terroristes qui les ciblent et, parfois, en font des victimes. N'oublions pas l’attentat de Magnanville dans lequel Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider ont été égorgés à leur domicile un 13 juin 2016…
Le mal-être de la police est une réalité qu’il faut prendre en considération. Ceux qui s’y engagent le font avec la volonté de servir, de protéger. Comment peut-on imaginer que la violence gratuite soit leur motivation première ?
Depuis les Gilets jaunes, une nouvelle défiance de la France périphérique voit le jour
Depuis les Gilets jaunes et la multiplication des éborgnés, la défiance a gagné également une partie de la population qui n’éprouvait pas, a priori, de rejet de la police. Il est regrettable de constater la défiance d'une partie de la «France périphérique» envers elle. Cela est inquiétant et en dit long sur l’état de fracture de notre pays. Le ministre de l’Intérieur ne semble pas prendre conscience de cette vague frondeuse qui gagne les grandes couronnes et les campagnes, en plus des banlieues. Les débordements de certaines manifestations ont alimenté un sentiment anti-flic, notamment avec l'usage intempestif et disparate des LBD et des grenades de désencerclement. Il est urgent d'apaiser les tensions et de ramener au bercail républicain cette France en voie de marginalisation républicaine. Mais n'oublions pas que la grande majorité des violences volontaires les plus extrêmes (guets-apens, tabassage à plusieurs au pied et à la barre de fer), ont été commises contre les policiers… qui ne faisaient, eux, que leur métier.
#BlackLivesMatter Floyd et Traoré, même combat ?
Au moment où ceux qui aiment distiller le poison de la division, en agitant le chiffon racial, se mobilisent partout pour importer les conflits américains qui ne sont pas les nôtres, le ministre de l’Intérieur doit se dresser aux côtés de ses hommes. Comment peut-on tolérer qu’en plein Paris des manifestations pourtant interdites aient lieu au mépris des décisions de la préfecture de police ? Pourquoi les manifestants de la Ligue de défense des noirs africains peuvent tenir à deux pas de l’Elysée ce genre de propos : «la France est terroriste, colonialiste, esclavagiste», et cela en toute impunité ? A quand la dissolution de ces mouvements qui n’ont pour unique vocation que de semer le trouble et la violence ? Adama Traoré n’est pas George Floyd, la situation des banlieues en France n’est pas celle des ghettos américains, l’histoire de l’immigration n’est pas celle des noirs américains liée à l’esclavagisme. Il y a évidemment des bavures – qui pourrait l’ignorer ? –, mais il ne faut pas condamner l’ensemble de la police. Ne laissons pas l’universalisme de notre modèle être noyé par la vision racialiste que ces mouvements veulent importer pour installer la division et le communautarisme américain. Ce serait une grave erreur que de leur donner trop d'écho et cela fragiliserait durablement la République.
La défiance dans les cités n’est pas une nouveauté ; il faudra agir pour la combattre, mais ce qui doit inquiéter aujourd'hui, c’est le lien qui se distend avec la France périphérique. La police est un pilier de la République, elle est aux côtés de la population pour la protéger et assurer sa sécurité, et donc sa liberté. Renouer un lien de confiance auprès de ceux qui l’ont perdu, c’est renforcer notre démocratie : c'est cela le pacte républicain.