Attaque des Champs-Elysées : pas de renversement de tendance sur le vote à la présidentielle

Parmi les candidats, François Fillon serait le plus à même de capitaliser après l'attaque terroriste, sans pourtant renverser la donne, juge le politologue Jean Petaux.

RT France : Le soir du 20 avril, sur les Champs-Elysées à Paris, un homme a été abattu après avoir tué un policier lors d'une fusillade revendiquée par le groupe Etat islamique. Cela aura-t-il un impact sur l’élection présidentielle ?

Jean Petaux (J. P.) : Non, car je n’ai pas l’impression qu’il y ait une mobilisation comme il a pu y avoir en novembre 2015 ou de manière plus forte en janvier 2015. Ce sont des policiers qui ont été visés. C’est terrible à dire, mais cela n’a pas attiré une attention ni provoqué une émotion aussi forte que si cette personne avait tiré dans la foule. Et je ne suis pas persuadé que cela crée un renversement de tendance.

Le mieux placé pour capitaliser c’est François Fillon

RT France : N’y a-t-il pas de candidats qui peuvent capitaliser sur cette attaque ?

J. P. : Le mieux placé pour capitaliser c’est François Fillon. Marine Le Pen ? Je ne pense pas que cela donne quelque chose de plus à sa crédibilité présidentielle. Quant à François Fillion, c’est lui qui peut paraître comme l’homme d’expérience capable d'assumer les problèmes à venir. Celui qui a très bien réagi, c’est Emmanuel Macron, très solide dans cette affaire.

RT France : Quels sont les candidats qui pourraient souffrir le plus de cette attaque ?

J. P. : Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou et Marine Le Pen. Les solutions qu’elle propose sont incantatoires. Les Français se rendent compte que c’est spectaculaire, mais cela n’aura pas de conséquences immédiates dans la lutte contre le terrorisme.

En termes de probabilité purement statistique, on s’oriente vers un duel Macron–Le Pen, mais en réalité, il y a six duels possibles

RT France : Peut-on déjà prévoir les résultats du premier tour, ou bien il est plus difficile que jamais de se livrer à un pronostic ?

J. P. : C’est tout aussi compliqué, cela n’a pas changé de ce point de vue-là. Il faut bien comprendre qu’il y a quatre candidats susceptibles d’arriver dans une fourchette entre 20 et 22% des suffrages exprimés. Cela veut dire qu’on est face à six configurations possibles : Marine Le Pen-François Fillon, Marine Le Pen–Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen-Emmanuel Macron, Emmanuel Macron-François Fillon, Emmanuel Macron–Jean-Luc Mélenchon, Jean-Luc Mélenchon–François Fillon. Je ne prédirai aucun des six, même si en termes de sondages et de probabilité, on voit bien que parmi les quatre, deux sont un petit peu devant les autres, c’est Marine Le Pen et Emmanuel Macron. En termes de probabilité purement statistique, on s’oriente vers un duel Macron-Le Pen, mais en réalité, il y a six duels possibles, au point que je ne suis même pas convaincu que dimanche à 20h, alors que la France est plutôt spécialisée dans les sondages sortie des urnes, on soit en état de le faire.

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