Dans son discours lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, le 18 février, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a répondu à certaines des plus récentes accusations contre la Russie.
Il a également souligné qu’en 2007, la Russie avait averti l’Europe des problèmes qu'elle connaît actuellement. Le ministre russe a, par ailleurs, déclaré aux journalistes qu’il avait parlé de la future rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump avec son homologue américain.
Le 17 février, lors d’une conférence de presse à Washington, le président américain avait déclaré qu’il tenait à s’entendre avec la Russie. Toutefois, il y a encore beaucoup de divergences susceptibles d'entraver cette coopération.
RT : Comment les dirigeants occidentaux ont-ils perçu les propos de Sergueï Lavrov concernant le passage à un monde polycentrique ? Et cela est-il possible ?
Michael Maloof (M. M.) : Je crois qu'Angela Merkel a probablement trouvé le ton juste, ainsi que Sergueï Lavrov. Aujourd’hui, le monde est polycentrique et l’influence occidentale s’affaiblit. Cela signifie que nous avons besoin de travailler plus étroitement, ensemble, sur un certain nombre de questions malgré les controverses, comme le nouveau président américain l’a fait remarquer. Mais le ton est bon. Je pense que l’OTAN va continuer à exister, bien sûr, mais il faut que sa mission change. C’est quelque chose que Donald Trump cherche à poursuivre. Cela prendra un certain temps.
C’est au bénéfice des grands médias américains, ainsi que des libéraux et des néoconservateurs, de pousser au pire scénario avec la Russie.
Mais nous avons un problème plus grave, celui du terrorisme international. Et Angela Merkel semble avoir trouvé une solution : elle a souligné que malgré les différences, un rapprochement de la Russie et de l’Occident était obligatoire. J’ajouterais qu’il y avait un fort appel à la revitalisation du Conseil OTAN-Russie. Et c’est quelque chose qui doit vraiment être fait ; nous avons besoin de travailler avec les Russes pour y arriver. C’est là où Donald Trump va enfin entrer en jeu, nonobstant les pressions internes qu’il subi dans son pays, qui sont alimentées pas de manifestes tendances antirusses.
RT : Sergueï Lavrov a parlé des «fake news» qui empêchent la coopération entre les pays. Dans quelle mesure les «fake news» aggravent-elles les relations entre la Russie et l’Occident ?
M. M. : C’est au bénéfice des grands médias américains, ainsi que des libéraux et des néoconservateurs, de pousser au pire scénario avec la Russie. Je pense qu'une coordination étroite pour un dialogue direct entre le président Trump et le président Poutine sera plus indispensable que jamais. Il faut d’abord vérifier les choses et le problème des «fake news» est croissant, mais on pourrait le surmonter en travaillant sur les faits plutôt que l’hystérie.
Même s’il s’agissait d’une organisation défensive, l'OTAN représentait une menace potentielle pour la Russie.
RT : Mike Pence, le vice-président américain, a accusé la Russie de redessiner les frontières internationales, tout en déclarant qu’il veut une plus grande coopération. Que pensez-vous de cela ?
M. M. : Il faut décrypter. Les Etats-Unis ont poussé, comme nous l’avons vu dans les cas de l’Ukraine, de la Géorgie et d’autres pays, ils élargissent l’OTAN plus loin vers l’est. Même s’il s’agissait d’une organisation défensive, elle représente une menace potentielle pour la Russie et c’était un mauvais signal. C’est ce qu’ils voulaient faire sous l’administration de Barack Obama, renforcer l’influence occidentale mais le président russe s’y est opposé. Je pense que nous devons rétablir l’équilibre. Donald Trump va viser une plus étroite coopération avec la Russie, malgré le fait que Mike Pence et le secrétaire à la Défense américain, James Mattis, tentent de renforcer l’engagement des Etats-Unis auprès de l’OTAN.
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