«Les réfugiés bloqués en Grèce se sentent comme des prisonniers et agissent comme des prisonniers»

Les réfugiés qui se trouvent en Grèce n'ont pas envie d'y rester. Des incidents éclatent. La situation va s’aggraver, à moins que l’UE n'accepte les réfugiés comme elle l'avait promis, estime l’ancien diplomate grec Leonidas Chrysanthopoulos.

Dans la nuit du 19 septembre, un énorme incendie a contraint des milliers de migrants de fuir un camp de réfugiés sur l’île grecque de Lesbos. Environ 4 000 d'entre eux ont été évacués.

Au moins 30 personnes ont été blessées lors de l'incident, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Presque 60% du camp Moria a été détruit, y compris des tentes et des cabanes aux toits de métal, a précisé un fonctionnaire de police, cité par Reuters.

La police mène une enquête pour savoir si cet incendie aurait été provoqué délibérément pour protester contre les conditions de vie dans le camp. Neuf personnes ont été arrêtées.

La situation, en général, devient grave, surtout après l’annonce faite par Bratislava lors du sommet de l’UE

RT : Il existe des tensions entre les migrants et la population locale. Cette situation est-elle dangereuse ?

Leonidas Chrysanthopoulos (L. C.) : Les incidents dans les camps de réfugiés ont commencé à cause de rumeurs, selon lesquelles tous les réfugiés seraient obligés de retourner en Turquie. Cela a semé une panique parmi les réfugiés. Ils ont alors commencé à se battre entre eux. Par ailleurs, ils ont allumé des feux. Ils ont réussi à sortir, les enfants ont été évacués plus tôt. Maintenant la situation est sous contrôle. Pourtant, la situation, en général, non seulement à Lesbos, mais dans toute la Grèce, devient grave. Surtout après l’annonce faite à Bratislava lors du sommet de l’UE, selon laquelle l'Union européenne optait pour une politique plus dure sur la question des réfugiés, voulant désormais leur interdire l'accès aux pays de l’Union. Cela a également pu susciter de l’inquiétude et créer la situation à laquelle nous avons assisté dans ce camps de réfugiés.

Le gouvernement grec n'a pas été suffisamment ferme avec les autres Etats membres pour les pousser à faire ce à quoi ils s'étaient engagés

RT : Selon vous, quelle sera la réponse du gouvernement grec ? Va-t-il y avoir un changement dans sa manière d'administrer la crise des réfugiés ?

L. C. : D'un côté, le gouvernement essaie de tout faire. De l'autre côté, l’Union européenne avait pris les 22 et 23 juillet l'engagement d'accepter 160 000 réfugiés de Grèce et d’Italie. Mais l'engagement n'a pas été respecté. Le gouvernement grec n'a pas été suffisamment ferme avec les autres Etats membres pour les pousser à faire ce à quoi ils s'étaient engagés.

RT : Pourquoi, à votre avis, est-ce ainsi ? N’est-ce pas étrange ? La Grèce ne veut-elle pas que la situation évolue ?

L. C. : Les réfugiés qui sont en Grèce n'ont pas envie d'y rester. Ils ne veulent pas rester en Grèce, ils se sentent comme des prisonniers. Et quand ils se sentent comme des prisonniers, ils agissent comme des prisonniers. Leurs économies arrivent à leur terme. Dans d'autres endroits, ils se sont mis à voler des poules pour avoir de la nourriture, car ils ne sont pas satisfaits de la nourriture qui leur est donnée. Cette situation va s’aggraver à moins que l’UE ne prenne la décision d'accueillir 60 000 personnes bloquées en Grèce et en Italie.

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