Le président de la République, François Hollande, a prononcé un discours important au colloque des Fondations Jean Jaurès et Terra Nova «La Démocratie face au terrorisme», qui s’est tenu salle Wagram à Paris, le 8 septembre 2016. Ce discours voulait avoir valeur de programme, dans le cas où l’actuel président se présenterait à sa propre succession. C’est pourquoi il convient de le lire avec attention et de pointer les contradictions, les faussetés et les omissions qu’il contient, car ces contradictions, faussetés et omissions nous révèlent par défaut la pensée et les impensées du président.
Un président fâché avec les dates…
Dès le commencement du discours, on est confronté à la fois à une fausseté et à une contradiction majeure. Quand le président dit : «Pour avoir conduit pendant plus de quatre ans le combat de la République contre un fanatisme meurtrier, je n’ai aucun doute. Malgré les épreuves – elles ont été douloureuses – les drames, les larmes, malgré la peur qui parfois peut envahir les esprits, malgré l’angoisse, malgré la souffrance, nous vaincrons. La démocratie sera toujours plus forte que la barbarie qui lui a déclaré la guerre», il prononce tout d’abord un mensonge.
Il est symptomatique que François Hollande cherche à se présenter comme ayant endossé dés le début de son quinquennat l’habit de chef de guerre
La posture de «chef de guerre», il ne l’a assumée que depuis janvier 2013, et la décision de venir en aide au Mali, en proie aux attaques des groupes djihadistes. Techniquement, cela ne fait que trois ans et huit mois. Par ailleurs, dans l’imaginaire collectif le «combat de la République contre un fanatisme meurtrier » renvoie à la lutte contre les attentats qui ont ensanglanté le pays. L’intervention au Mali et au Niger renvoyait plutôt à l’application des accords de défense que la France a avec ces pays. Or, le premier de ces attentats, et on ne prend ici en considération que les attentats de masse, date de janvier 2015 (Charlie-Hebdo et Hyper-Kasher), ce qui fait 1 an et 8 mois. Nous sommes donc loin des quatre années proclamées. Il est alors symptomatique, au sens où un symptôme révèle une maladie, qu’il cherche à se présenter comme ayant endossé dés le début de son quinquennat l’habit de chef de guerre. Ce faisant il jette un voile, que l’on considèrera comme pudique ou impudique, c’est selon, sur sa posture et son attitude avant ces derniers 20 mois.
Un président fâché avec les mots
Mais, cette fausseté est aggravée par une contradiction. François Hollande parle tout d’abord de «barbarie» et de «fanatisme». Ce n’est qu’après qu’il cherche à désigner l’adversaire en le nommant, le «terrorisme islamiste». Or, si ce terme peut décrire des modes opératoires, il est impuissant à décrire à la fois une idéologie et des organisations précises. Ces organisations sont pourtant connues, le prétendu «Etat islamique», Al-Qaeda (avec le «Front Al-Nosra» en Syrie), AQMI, Boko-Haram, et quelques autres. Elles ne sont pas alors nommées. Cela pose un premier problème. La République, et le gouvernement français ne sont pas en guerre contre des entités imprécises, mais contre des organisations, ou une nébuleuse d’organisations. Pourquoi ne pas le dire explicitement ? Est-ce le fait que la France a eu des compromissions coupables avec certaines de ces organisations (en Syrie) qui empêche le Président d’en donner la liste? Mais il faut revenir sur l’emploi du terme «terrorisme islamiste».
Le fondamentalisme religieux tend à imposer comme des principes, autrement dit des normes régissant la sphère publique, ce qui relève de valeurs, qui sont des règles de comportement individuel
Quand François Hollande dit : «Cet ennemi est insatiable, il veut détruire le passé car les civilisations lui font horreur et interdire l’avenir parce qu’il va jusqu’à nier l’Humanité. La démocratie, et vous l’avez bien dit, est sa cible. Elle incarne le contraire de ce qu’il est : la liberté, la tolérance, le respect, la culture, l’égalité entre les femmes et les hommes. Ces principes lui sont insupportables» , il pointe bien des comportements, mais il ne décrit, ni n’analyse clairement, l’idéologie qui a armé ces assassins. Et cela rend non pertinente la comparaison qui est faite, juste après, à la lutte contre le nazisme. Car, qu’il s’agisse du fascisme mussolinien (qui est d’ailleurs fort différent jusqu’en 1940 du nazisme) ou du nazisme, nous sommes en présence d’idéologies très précises, qui se sont incarnées dans des Etats et des organisations. La lutte contre le fascisme et le nazisme est passée par la lutte et la destruction des armées allemandes et italiennes, ainsi que de leurs alliés et supplétifs.
Le fondamentalisme religieux a ceci de profondément pervers qu’il tend à imposer comme des principes, autrement dit des normes régissant la sphère publique, ce qui relève de valeurs, qui sont des règles de comportement individuel. Cela pose le problème de la prééminence des «lois humaines» quant à de prétendues «lois divines». Non que les «lois humaines» soient parfaites. Mais, elles peuvent être constamment améliorées et changées. Les «loi divines», par définition, sont intangibles. Telle est une des sources des comportements barbares auxquels nous sommes confrontés. Dans le cas du fondamentalisme islamiste, la question du statut des «lois humaines» et des «lois divines» se pose avec d’autant plus de force que ce fondamentalisme ne reconnait pas la distinction entre la sphère privée et la sphère publique, autrement dit entre les «valeurs» que chaque individu est libre d’avoir et les normes régissant son action publique (et donc y compris ce qu’il dit dans l’espace public).
Son discours simpliste et simplificateur apparait comme l’exact décalque du discours d’un Eric Zemmour
Cette reconnaissance de la distinction entre les deux sphères n’a pas été naturelle dans les sociétés d’Europe occidentale, et elle renvoie à des débats philosophiques qui ont eu lieu du XIe au XIVe siècle. Il y a bien sur ce point un conflit irréductible entre le fondamentalisme islamiste et les sociétés occidentales. Les fondamentalistes réduisent tout individu à son appartenance religieuse. La culture des sociétés occidentales reconnait que peuvent exister des appartenance multiples, certaines ne concernant que l’individu (la liberté de penser qui est donc aussi celle de «mal» penser) et d’autres qui sont plus collectives.
Hollande en anti-Zemmour reprenant la pensée de Zemmour
Ne faisant pas cet effort de réflexion, le président de la République se condamne à tenir un discours simpliste, moralisateur (avec l’usage du terme «barbarie»), qui s’avère être en réalité largement inefficace. Si cet effort de réflexion avait été fait, il aurait pu dire à quelles conditions une appartenance religieuse, ou plus précisément l’interprétation qui est faite d’une appartenance religieuse, est compatible avec les règles de la démocratie. Son discours simpliste et simplificateur apparaît comme l’exact décalque du discours d’un Eric Zemmour qui, quant à lui, assimile tout musulman au fondamentalisme islamiste justement parce que, lui non plus, il ne fait pas l’effort de chercher à analyser la distinction entre un fondamentalisme et une religion. Quand François Hollande dit : «Avant de nous atteindre, ils s’en sont pris à leur propre religion. Partout, les musulmans ont été les victimes de ces islamistes », il a raison, et je l’avais écrit dès la fin de 2014. Mais, il faut comprendre par quel mécanisme le fondamentalisme djihadiste se fait le principal bourreau de la population musulmane. C’est essentiellement à travers la figure du «mauvais croyant» (ou mécréant) et de l’apostat. Or, ce discours contient toujours en filigrane l’idée que la cité de Dieu peut survenir sur la Terre si sont éliminés tous les pécheurs et les mécréants. Nous sommes face à une pensée à la fois millénariste et apocalyptique, telle qu’elle a pu exister au sein de la chrétienté (que l’on se souvienne des anabaptistes de la ville de Munster…). Ce n’est donc pas une idéologie indéfinie, que l’on pourrait seulement qualifier de «barbare» que nous affrontons aujourd’hui. C’est en réalité une théologie politique, qui se décline à la fois sous une forme essentialiste (la «cité de Dieu» peut survenir immédiatement au sein des hommes par l’entremise du califat) et sous une forme plus sophistiquée, avec ceux qui reconnaissent l’existence séparée des deux cités, mais qui pensent que les règles à suivre dans la «cité des hommes» sont dictées par les règles de la «cité de Dieu». Il aurait convenu, et ce discours pouvait en être l’occasion, de bien identifier les DEUX projets qui s’opposent radicalement à la démocratie et la République. Car, de cette identification, on peut tirer la conclusion qu’il y a des formes d’observance des règles religieuses qui, elles, sont parfaitement compatibles tant avec la démocratie qu'avec la République. Tel était l’effort qu’il fallait consentir si le président voulait vraiment, comme il le dit dans la suite de son discours éviter de «provoquer le divorce entre nos concitoyens et d’engendrer une suspicion générale à l’égard de nos compatriotes musulmans.»
Si l’Etat doit être neutre, c’est avant tout au nom du principe que l’on ne discute pas de religion dans la sphère publique, car la discussion ne saurait y être réglée par la seule Raison
Mais, peut-être veut-il justement apparaître comme exactement l’inverse d’un Eric Zemmour, étant persuadé que les outrances de ce dernier valideront, a contrario, sa position simpliste et simplificatrice. Si tel est le pari du président, c’est un pari bien dangereux car les contradictions de son propre discours, et elles sont nombreuses, pourraient bien réussir l’exploit de valider celui de Zemmour.
Un président fâché avec la laïcité
Cette contradiction et ces confusions, on les retrouve sur le terrain de la laïcité et de la loi de 1905. Quand le président dit : «La cohésion, ce n’est pas l’uniformité ou l’unanimité, la cohésion ne demande pas l’effacement des différences, ni même des différents, mais elle exige de la mesure pour se garder de la provocation qui attise et de la stigmatisation qui blesse. D’où l’enjeu de la laïcité. La laïcité, ce n’est pas une mystique, ce n’est pas une religion d’Etat contre les religions. La laïcité, c’est un ensemble de règles de droit qui organise la vie dans la République. La laïcité, c’est avant tout un principe de neutralité qui s’impose à l’Etat, mais aussi aux citoyens qui doivent la respecter», il commet une profonde erreur. La laïcité est un principe politique, autrement dit une norme qui organise l’espace public. C’est parce qu’elle est cette norme qu’elle peut se traduire en règles de droit. L’une de ces traductions est la neutralité de l’Etat. Mais il est faux, et très dangereux, de confondre un principe avec sa traduction contextuelle. Si l’Etat doit être neutre, c’est avant tout au nom du principe que l’on ne discute pas de religion dans la sphère publique, car la discussion ne saurait y être réglée par la seule Raison. Ce principe découle du pivotement dans la conception de ce qu’est le fait religieux, et la religion, engendré par l’affirmation du christianisme dans l’Empire romain finissant.
Le passage ou le Président se réfère aux lois, celle de 1905 comme celle de 2004, est à cet égard éclatant: «…pour cette raison que le législateur, en 1905, au terme d’un long débat, avait décidé de séparer les Églises de l’Etat, plus tard, un siècle plus tard. Pour la même raison qu’en 2004, il a été interdit les signes religieux ostensibles dans les écoles publiques, non pour discriminer, mais pour protéger la liberté des enfants et des adolescents.» Il réduit alors la laïcité à sa simple traduction juridique, avant de reconnaître, un peu plus loin: «La loi de 1905 – c’est vrai – a été conçue à un moment où la pratique de l’islam en France métropolitaine ne connaissait ou ne concernait qu’une infime partie de la population. Si bien que la question qui est posée aujourd’hui, c’est de savoir si les principes posés il y a un peu plus d’un siècle restent adaptés maintenant que l’islam est devenu la deuxième religion de France.» C’est bien la preuve qu’il faut distinguer la traduction juridique d’un principe politique, traduction qui est toujours et partout affaire de contexte tant culturel qu’historique, du principe lui-même. Mais, ce principe, il faut être capable de le définir. Or la seule définition que nous pouvons trouver de la laïcité dans ce discours est celle de ses traductions juridiques, comme la question de la neutralité de l’Etat. Ici, le serpent se mord la queue. L’impossibilité qu’il y a à définir un principe politique par ses diverses traductions juridiques jette une lumière crue et cruelle sur les manques du discours, et de la pensée, de notre Président.
Mais il y a plus. Il faut revenir sur la question des possibles «stigmatisations» qui ont tellement agitées l’espace du débat depuis janvier 2015. Il convient alors de rappeler que l’on peut parfaitement discuter des religions, et cette discussion doit être ouverte y compris à ceux qui ne professent pas cette religion, car toute religion est du domaine des idées. En ce sens, il faut s’inscrire en faux contre les mises en garde contre «l’islamophobie» ou la «christianophobie». Mais, par contre, si l’on ne peut, et si l’on ne doit, pas mettre hors débat des idées, il est criminel de réduire un individu aux idées qu’il professe. Répétons le, telle est la position du fondamentalisme religieux qui ne veut voir dans un individu que le croyant (ou le mécréant, ou l’apostat…). On voit ici, à travers cet exemple, la conséquence de la vision simpliste développée par le Président. Parce qu’il n’est pas capable d’identifier précisément la racine du problème, il doit se contenter d’affirmations mi-chèvre mi-chou, comme «se garder de la provocation qui attise et de la stigmatisation qui blesse». Mais comment alors définir ce qu’est une provocation et ce qu’est une stigmatisation? Dès lors, notre Président est désarmé face au problème politique posé par le fondamentalisme. Car ce dernier va chercher à avancer ses pions, qu’il agisse dans le cadre de l’idée de la fusion de la cité de Dieu avec celle des hommes ou qu’il agisse dans celui du projet politique dicté par la religion, pour tester et détruire la démocratie. Notre Président est incapable de formuler des éléments de réponse sur ce point et, s’il ne sait donc pas comment faire face à un problème qui caractérise la période, c’est parce qu’il ne sait plus où il habite…
Un Président fâché avec la souveraineté
Sur ce point, il convient de revenir un peu en arrière dans le discours et de s’attarder au long passage ou François Hollande se fait un ardent défenseur de l’état de droit, et de l’état d’urgence, ou il critique, en des mots à peine voilés, certains de ses adversaires politiques.
La question de l’état d’urgence posait celle de la souveraineté. On l’a dit, et en particulier dans l’ouvrage Souveraineté, Démocratie, Laïcité qui a été publié en janvier 2016. Penser la relation qui existe entre l’état de droit et des mesures exceptionnelles, telles que l’état d’urgence, implique de penser la souveraineté. Or ce mot n’est nullement employé dans ce discours. Ce n’est assurément pas un hasard. Car, il faut revenir sur la notion d’état de droit.
Le principe dit d’état de droit se trouve largement pollué par le positivisme juridique, et peut conduire à des situations où la lettre du droit s’oppose directement à son esprit
L’état de droit ne peut signifier l’intangibilité des règles existantes. Ceci était bien vu par des auteurs comme Thomas Jefferson ou John Locke pour qui les décisions d’une génération ne pouvaient lier la suivante. De même, certains principes qui sont pourtant inscrits dans la loi, peuvent être violés. Les partisans de l’esclavage avaient formellement raison de prétendre que si le Congrès américain s’autorisait à statuer sur cette question il violerait un droit de propriété. Ils avaient doublement tort en ne considérant pas l’incompatibilité qu’il y a à prétendre construire une société libre sur un principe d’asservissement, et en ne comprenant pas que toute tentative pour empêcher la politique de résoudre cette question inviterait alors à ce que l’on use des armes.
Le principe dit d’état de droit se trouve largement pollué par le positivisme juridique, et peut conduire à des situations où la lettre du droit s’oppose directement à son esprit. Il faut donc éviter de fétichiser l’état de droit ou la «rule by law». Le positivisme échoue car il ne prend pas l’exception, ou les dimensions contextuelles, assez au sérieux. Il persiste à concevoir les détentions et les dérogations comme des actes parfaitement «légaux», concrétisant des normes plus générales et tirant d’elles leur autorisation sans s’interroger sur l’origine, ou la conformité à des principes répondant à des fonctionnalités, de ces dites normes. On peut donc, à la suite de David Dyzenhaus, comprendre comment l’obsession pour la rule by law (i.e. la légalité formelle) et la fidélité au texte tourne bien souvent à l’avantage des politiques gouvernementales quelles qu’elles soient. A quelques reprises, l’auteur évoque ses propres analyses des perversions du système légal de l’Apartheid en rappelant que cette jurisprudence avilissante tenait moins aux convictions racistes des juges sud-africains qu’à leur « positivisme ». L’état de droit, ici, se faisait l’allié d’un système raciste. De même dans une théocratie, l’imposition de lois religieuses serait parfaitement « légal » même si l’on comprend que ces lois diviseraient profondément la société et seraient des sources d’inégalités et d’oppression tout à fait évidentes.
Mais, si l’on peut changer les lois, les faire évoluer, et y compris la loi fondamentale qu’est la Constitution, il faut se poser la question de qui a le droit de procéder à de tels changements. On le sait bien, c’est le souverain, c’est à dire le peuple. D’où l’importance du concept de souveraineté, et d’où le caractère très symptomatique de son absence dans le texte de ce discours. Car, pour François Hollande, qui ici se révèle bien un européïste fervent, et donc un fervent partisan du positivisme juridique, seule compte la légalité. Or, si l’on considère que la légitimité d’une loi, qui découle de la souveraineté, n’existe plus ou qu’elle est entièrement contenue dans la légalité de cette dernière, cela signifierait que TOUTE norme prise dans les formes légales serait légitime.
L’histoire de la France au XXe siècle contient bien le cas d’un régime, celui de Vichy, dont les formes étaient légales mais qui fut considéré comme illégitime. A l’inverse nous avons le cas de la France Libre et du Général de Gaulle du 18 juin à la mise en place de l’assemblée consultative provisoire d’Alger réunie à partir de novembre 1943, qui correspond à une légitimité même si les formes légales n’avaient pas été respectées. C’est cette légitimité qui a fait que les décisions de la France Libre ont prévalu juridiquement sur celle du régime de Vichy. Nous avons le précédent de l’ordonnance du 9 août 1944 qui déclara illégal tous les actes du gouvernement de Vichy. On sait que le Général de Gaulle avait contesté la légitimité du régime de Vichy dès le début, et en particulier lors du discours qu’il tint à Brazzaville le 27 octobre 1940. Dès lors, aucun des textes de Vichy ne pouvait se parer des attributs de la légalité, qui n’était alors qu’une simple apparence, car le régime était dépourvu de la légitimité. C’est ce que devait constater l’article 7 de l’ordonnance du 9 août 1944, qui organisait l’extinction des actes de Vichy, une extinction qui devait, pour les actes non mentionnés à l’article 2 de l’ordonnance, être expressément constatée.
Cette prétention au savoir des savoirs fait de ce pauvre François Hollande l’équivalent d’un Coryphée des Sciences. Mais le costume est bien trop grand pour lui
Cet article décrit le régime de Vichy comme «l’autorité de fait se disant «gouvernement de l’État français», récusant de fait sa légalité. Inversement, les actes pris par le gouvernement de la France Libre, en dépit de leur caractère souvent précaire, doivent être considérés comme des actes légaux. La précarité de ces textes ne peut être invoquée pour leur refuser le statut de «loi» au vu du vieil adage «nécessité fait loi».
Ici encore les absences du discours se révèlent très révélatrices de ce que cache la pensée de François Hollande qui, sur ce point, s’avère plus proche de Vichy que de la France Libre. La manière dont il traite les institutions sociales, qu’il s’agisse du droit du travail ou du droit prud’hommale, le confirme.
Une bien malheureuse formule…
Il y a cependant un point où François Hollande s’affirme comme le digne descendant du «mouvement socialiste», dans toutes ses contradictions. Revenons pour cela au début du discours. Il a, alors, cette formule extraordinairement malheureuse: «Nous connaissons les lois de l’Histoire. Les démocraties gagnent toujours les guerres». Relevons alors ce qu’il y a d’incroyable dans l’affirmation «Nous connaissons les lois de l’Histoire». Cette prétention au savoir des savoirs fait de ce pauvre François Hollande, ce petit Président qui a hérité du surnom de «pépère», l’équivalent d’un Coryphée des Sciences. Mais le costume est bien trop grand pour lui.
Non, nous ne «connaissons» pas les lois de l’Histoire, et nous ne pouvons aspirer à les connaître, car les activités humaines sont changeantes. Marx affirmait qu’il ne pouvait y avoir de lois que «tendancielles», et qu’elles étaient immédiatement accompagnées de contre-tendances qui pouvait, transitoirement ou pour de plus longues périodes, en annuler les effets. C’est la définition la plus recevable du concept de «lois» dans le domaine historique.
De cela François Hollande n’a cure qui affiche avec une naïveté quasiment indécente un scientisme absolu. Ce n’est donc pas une «connaissance» dont il s’agit (sauf, bien entendu, celle qui sort par la porte de derrière à l’Elysée…) mais bien la foi du charbonnier. François Hollande nous révèle ainsi, au détour d’une très malheureuse formule, à quel point il est dans la croyance. Oh, bien sûr, il ne s’agit pas d’une croyance religieuse au sens habituel du terme. Mais c’est bien pourtant de religion dont il s’agit, et sa religion à lui, celle au nom de laquelle il est prêt à sacrifier les français, à pour nom euro et construction européenne.
François Hollande répète aussi («Les démocraties gagnent toujours les guerres»), et sans doute à son insu, la formule de Paul Raynaud en 1940: «nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts». Quelque semaines après, c’était le catastrophique mois de mai 1940. Il y a des formules dont il vaut mieux se méfier…
Source : http://russeurope.hypotheses.org
Du même auteur : Le TAFTA, la Commission et le gouvernement «français»