Les familles des victimes du 11 septembre ont réclamé plusieurs fois la déclassification d’un rapport du Congrès connu sous le nom des «28 pages», affirmant que cela ne représente aucunement une menace pour la sécurité nationale et que la vérité ne devrait pas être tenue secrète.
RT s’est entretenu avec un survivant des attentats du 11 septembre, William Rodriguez, qui travaillait en tant que gardien au World Trade Centre lorsque les attentats ont eu lieu. Possédant un pass pour accéder aux cages d’escaliers, il a pu aider des centaines de personnes à sortir du bâtiment et a reçu plusieurs médailles pour cet acte héroïquee.
Nous avons survécu et nous sommes scandalisés que cela ait pris autant de temps pour essayer de savoir ce qu’il s’est vraiment passé ce jour-là
RT : Parlons de ces 28 pages classées du rapport sur le 11 septembre. Pourquoi le gouvernement tient-il secrètes des informations sur l’une des plus grandes tragédies de l’histoire des Etats-Unis ?
William Rodriguez (W.R.) : Cela fait 15 ans que nous nous battons pour leur déclassification, depuis que la Commission du 11 septembre a été créée. Et rien ne laisse penser que ces pages seront déclassifiées. Pourquoi garder ces informations secrètes si longtemps, alors qu’on s’est montré par ailleurs transparent sur tout ce qui concernait le 11 septembre ? Cela ne surprend pas seulement les familles des victimes et les survivants, mais également beaucoup de personnes impliquées dans la Commission du 11 septembre. Nous avons survécu et nous sommes scandalisés que cela ait pris autant de temps pour essayer de savoir ce qu’il s’est vraiment passé ce jour-là. Pourquoi le gouvernement garde-t-il ces informations secrètes ?
Quand vous entendez le gouvernement saoudien nous menacer de revendre nos bons du trésor [...] cela montre bien qu’on ne contrôle pas ce qu’il se passe au sein même de notre gouvernement
RT : Pourquoi le président Obama s’oppose-t-il à la loi qui permettrait aux Américains de poursuivre en justice l’Arabie saoudite pour les attentats du 11 septembre ?
W.R. : Il est évident que cela est lié non seulement à la politique des Etats-Unis mais aussi à son économie. Quand vous entendez le gouvernement saoudien nous menacer de revendre nos bons du trésor pour 750 milliards de dollars, cela montre bien qu’on ne contrôle pas ce qu’il se passe au sein même de notre gouvernement. En fait, les gouvernements étrangers influencent en permanence les décisions que nous prenons aux Etats-Unis - et les survivants en sont scandalisés. A l’heure actuelle, le Président n’a même pas lu une seule de ces 28 pages.
Le secret et la confidentialité d’autant de témoignages ont alimenté un tas de théories conspirationistes
RT : Vous avez été interrogé dans le cadre de l’enquête sur les attentats. Quelles ont été vos impressions ?
W.R.: Tout comme nombre de personnes, j’ai été interrogé par la Commission du 11 septembre. Mon témoignage n’a pas été inclus dans le rapport final. Il est resté confidentiel et secret pendant longtemps, il l’est peut-être encore. J’ai parlé longtemps… depuis que j’ai été dégagé des décombres, j’ai senti que ce que je disais inquiétait le gouvernement. J’en ai déduit que beaucoup d’autres témoignages étaient, comme le mien, probablement restés confidentiels et secrets. Le problème est que le secret et la confidentialité d’autant de témoignages ont alimenté un tas de théories conspirationistes. Nous ne savons toujours pas ce qu’il s’est vraiment passé le 11 septembre.
RT : D’après vous, le fait que l’Arabie saoudite soit un allié des Etats-Unis explique-t-il en partie ce qu’il se passe à l’heure actuelle avec ce rapport ?
W.R. : Oui. Cela me semble immoral et inacceptable qu’ils manipulent notre gouvernement [alors qu’on essaie] de connaître la vérité sur le 11 septembre. On a parlé de fonctionnaires… on n’a pas parlé de hauts fonctionnaires mais il y a probablement un lien avec de hauts postes. On ne sait pas. Je fais des suppositions. Ces gens devraient rendre des comptes à la justice. Quand les attentats ont eu lieu on est partis se battre contre Al-Qaïda en Afghanistan parce qu’ils soutenaient Ben Laden. Pourquoi ne peut-on pas faire la même chose avec les Saoudiens ? Les victimes et les survivants n’acceptent pas cette politique du deux poids deux mesures.
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