RT : On dirait qu’Hillary Clinton s’est focalisée sur la course à l’élection générale contre Donald Trump, et ce avant même le «Super Tuesday». A-t-elle des raisons d’être si confiante ?
T.J. Walker : Oui, Hillary Clinton a obtenu des résultats extraordinaires en ce «Super Tuesday». On ne s’attendait bien sûr pas à ce que les Etats très «blancs», dépourvus de minorités, où Bernie Sanders a eu de bons résultats, Iowa, Vermont, votent pour elle. Mais dans les Etats qui comptent beaucoup plus de minorités elle a d’excellents résultats. Elle a carrément détruit Bernie Sanders ce soir – partout, à part dans son Etat d’origine, le Vermont. Et en termes stratégiques, dans la course à la présidentielle, on n’obtient pas vraiment de points positifs en remportant son Etat d’origine. On perd beaucoup en cas de perte de son Etat d’origine, mais on n’obtient pas beaucoup de points en le remportant.
RT : Le département d'Etat a publié les emails d’Hillary Clinton un jour avant le «Super Tuesday». Est-ce une coïncidence ?
Hillary Clinton n’est pas parfaite
T.J. Walker : Je sais seulement qu’elle n’a pas perdu un seul point chez les démocrates. Tout électeur à qui les emails de Clinton posent problème ne peut être qu’un républicain ou un indépendant qui vote toujours pour les républicains. Ils savent que ces emails existent. Hillary Clinton n’est pas parfaite.
RT : Y a-t-il une sorte de solidarité entre les candidats républicains ? Donald Trump est à la tête des sondages. Pensez-vous que Ben Carson et John Kasich, qui sont tous deux loin derrière, abandonneront la course pour permettre à Rubio et à Cruz d’avoir de meilleures chances face à Trump ?
T.J. Walker : Ils sont solidaires, mais cette hypothèse suppose qu’ils s’inquiètent réellement de qui va gagner ou qu’ils le fassent pour la bonne cause. On dirait que Ben Carson a beaucoup de temps libre – il est à la retraite – mais on ne dirait pas que le stress de la campagne l’empêche de dormir, étant donné qu’il donne l’impression de pouvoir s’endormir pendant les débats eux-mêmes. Il s’amuse. Pour un narcissique, il n’y a pas de meilleur métier au monde que de participer à la course à la présidentielle : vous êtes tout le temps à la télé, les gens vous demandent votre avis, les gens demandent vos autographes. Honnêtement, je suis étonné qu’autant de candidats aient abandonné la course comme ils l’ont fait jusqu’à présent, donc je ne pense pas que ceux-là vont abandonner la course à la présidentielle juste parce que les électeurs se sont exprimés. John Kasich et Ben Carson n’ont pas obtenu de votes durant les autres primaires mais ils continuent d’y participer parce que... pourquoi pas ?! C’est amusant !
Ce n’est pas tout à fait comme s’ils allaient abandonner la course pour aider le nominé, qui sera sans doute Donald Trump. Parce que Donald Trump ne se soucie pas du parti républicain.
RT : Pour les républicains, le Texas est le plus beau trophée de la journée, avec le plus grand nombre de délégués. Les résultats provisoires prédisent que l’Etat a été remporté par Ted Cruz, qui gagne ainsi dans son Etat d’origine. Cette victoire peut-elle constituer un tournant de la campagne ?
T.J. Walker : Non, cela aurait été un tournant dans la campagne uniquement s’il avait perdu. Les règles de la présidentielle actuelles sont les suivantes : si vous remportez votre Etat d’origine, c’est très bien, les gens s’attendent à cela, vous connaissez ces gens, vous y avez mené des campagnes, vous avez déjà des partisans des campagnes précédentes... cela ne vous aide pas vraiment à remporter votre Etat d’origine. Si vous perdez votre Etat d’origine, les gens vous traitent de «loser», incapable même de remporter son Etat d’origine. C’est pourquoi la Floride est aussi importante pour Marco Rubio : s’il perd en Floride, il va perdre tout son financement. Ted Cruz avait besoin de remporter le Texas non pas parce que cela allait l’aider, mais parce que, s’il avait perdu Texas, il y aurait eu une énorme pression pour qu’il quitte son poste, il aurait été abandonné par ses partisans.
A présent, Ted Cruz peut dire «Hey, je suis le seul candidat à pouvoir battre Donald Trump, pas une seule fois, mais déjà dans deux Etats différents !» Marco Rubio ne peut pas pour le moment en dire autant, et ni Carson ni John Kasich d’ailleurs, ni personne d’autre.
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