«Schengen est mort et presque enterré»

Avec le rétablissement du contrôle à la frontière entre la France et la Belgique, on assiste à l'explosion d'un système qui ne fonctionnait pas, estime le délégué national de Debout la France, Damien Lempereur.

RT France :A votre avis le rétablissement de la frontière franco-belge, même s’il est annoncé comme temporaire, signifie-t-il la fin de Schengen ?

Damien Lempereur : Oui. Schengen c'est fini. On assiste sous nos yeux à l'explosion d'un système qui ne fonctionnait pas, une mauvaise construction européenne qui a d'ailleurs échoué en matière économique, sociale, et pas seulement en matière migratoire - mais qui à l'occasion de la crise des réfugiés, va s'effondrer sous nos yeux. Le système Schengen est mort et presque enterré. 

RT France :Pensez-vous que d'autres pays vont suivre l'exemple de la Belgique?

Il était évident que le contrôle des frontières est indispensable

Damien Lempereur : La Belgique est le septième pays membre de l'espace de Schengen, de l'espace de libre circulation, qui a rétabli ces contrôles temporaires, après, entre autres, l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark et la Norvège. Et bien évidement, on est face à une situation qui va se propager puisqu’en fait, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, ne faisant rien pour résoudre les causes, on aura toujours plus de conséquences negatives. Et il n'y a aucune raison pour que cela change, puisque vous avez la Commission européenne, ces technocrats de Bruxelles qui n'ont absolument pas compris l'ampleur des problèmes et qui sont en train de perdre pied.

On voit qu’il y a des réflexes démocratiques, des réflexes de bon sens dans un certain nombre de pays de l'Union européenne, et on revient à une certaine raison ; comme par exemple contrôler tout simplement les personnes qui rentrent, qui viennent dans un pays - ce qui semble tout à fait normal dans tous les pays du monde, mais qui n’était effectivement plus le cas au sein de l'Union européenne.

RT France :Pensez-vous que l'effondrement du système Schengen peut remédier au problème du terrorisme en Europe? 

Damien Lempereur : Il est évident que pour remédier au problème du terrorisme il faudra prendre bien plus de mesures bien plus larges que le simple contrôle des frontières.

Mais il était évident que le contrôle des frontières était indispensable. Parce qu'à partir du moment où il n’y a pas de contrôle aux frontières nationales, il n’y a pas de surveillance aux frontières de l’Union européenne – ce n’est d'ailleurs pas possible d’effectuer une surveillance maritime trop importante à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, c’est compliqué, ils sont en train de construire un mur. Et les pays qui font la bordure de l’Union européenne n’ont aucun intérêt à contrôler la frontière, puisque de toute façon les migrants viennent en France, en Allemagne, en Angleterre, dans les pays où il y a les plus fortes prestations sociales. A partir du moment où il n’y a pas de contrôle aux frontières de l’Europe, vous êtes obligés d’effectuer un contrôle au niveau des frontières nationales.

C’est un minimum, ce n’est pas une mesure qui va suffire à elle seule, bien sûr, à éradiquer le terrorisme. Je me rappelle au passage qu’on a plusieurs centaines d’individus, en France, qui ont été identifiés par les services de renseignement comme revenant du djihad en Syrie et qui sont sur le territoire national. Potentiellement, plusieurs milliers sont déjà sur le territoire de l’Union européenne. Donc il est évident qu’il faut contrôler les mouvements, c’est un minimum. Mais malheureusement, ce ne sera pas suffisant.

Angela Merkel a une responsabilité historique dans le drame que nous sommes en train de vivre

RT France : Mais que faire avec les réfugiés qui arrivent tous les jours aux frontières de l’Union européenne ? Depuis le début de l’année, 100 000 migrants sont déjà arrivés sur le sol de l’Union européenne. Que faire avec eux ?

Damien Lempereur : D'abord, on peut quand même se rappeler pourquoi ils arrivent. Il faut poser la question du rôle de la Turquie, par exemple. Dans cette crise migratoire on peut aussi critiquer les décisions de politique internationale qui ont été menées par l’Union européenne (par la France en Libye, par exemple) et qui ont malheureusement créé le chaos. On a recommencé en Syrie. Donc, peut-être que si on changeait de politique en matière internationale, si on révisait un peu nos alliances stratégiques, par exemple avec la Turquie, ce serait déjà un progrès.

On peut rappeler aux lecteurs que l’Union européenne est encore en train d’ouvrir le chapitre de l’adhésion de la Turquie dans l’Union européenne et que ce sont des milliards et des milliards d’euros qui ont été versés ces dernières années à la Turquie pour faciliter son intégration. Donc la première chose à faire c’est de revoir la politique international et l’importance du rôle de certaines puissances dans la région avec qui on doit travailler plus, plus que l’on a fait jusqu’à présent. Quant aux migrants, il faut surtout donner le signal complètement inverse à celui donné jusqu'à maintenant. C’est-à-dire qu’on a donné le signal politique qu’on pouvait accueillir tout le monde. Angela Merkel a une responsabilité historique dans le drame qu’on est en train de vivre.

Il faut au contraire envoyer le signal politique complètement inverse, à savoir qu’on ne peut pas accueillir tout le monde, et notamment pas les migrants économiques puisqu’en réalité une grande partie desdits migrants ne sont pas des réfugiés mais des migrants économiques. On a même dans certaines villes de France des endroits où il n’y a pas du tout de Syriens. On se retrouve avec des personnes de nationalités qui ne sont absolument pas concernées par le conflit en Syrie. Donc il faut expliquer que ce n’est plus possible, que c’est terminé, et faire en sorte que les gens ne quittent pas leurs pays. Car quand ils partent, quand ils décident de traverser la Méditerranée, ils pensent accéder à un Eldorado qui n’existe pas. Et moi, j’accuse l’Union européenne et tous ceux qui incitent les migrants à s’installer et à venir d'être responsables des drames, de ces drames humains qui font en plus le jeu des passeurs, des mafias et des seigneurs de guerre, en Libye par exemple.

Il faut donc complètement renverser la logique. Je pense qu’il y a un signal politique à envoyer pour inverser le flux, pour inverser la tendance. Lorsque les gens sont là, il faut s’occuper aussi bien que possible du problème et organiser le retour des personnes qui sont sur le territoire en situation irrégulière, c'est l'application de la loi de la République.

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