La mobilisation se poursuit ce 30 octobre contre le chantier d'une réserve d'eau destinée à l'irrigation agricole à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, avec la destruction d'une canalisation censée alimenter la future réserve par des militants cagoulés, en bleu de travail et équipés d'une meuleuse, de pelles et de pioches.
«Nous venons de faire tomber un des six bras de la pieuvre», s'est félicité auprès de l'AFP Julien Le Guet, porte-parole du collectif «anti-bassines», surnom donné à ces retenues par leurs détracteurs. Un hélicoptère de la gendarmerie a survolé la scène mais les forces de l'ordre ne sont pas intervenues.
Selon les informations de BFM TV, qui cite une source policière, la canalisation sectionnée par les manifestants serait en fait reliée à une exploitation agricole familiale.
Des tours de guet ont par ailleurs été érigées sur le site. «Aujourd'hui, on construit une vigie, une vigie pour ancrer la lutte sur ce terrain, pour être en capacité de voir venir l'ennemi», a confié à l'AFP David, paysan boulanger de 43 ans ayant requis l'anonymat, en participant à la construction d'une tour en bois.
«Il reste environ 2 000 personnes sur le site, je rappelle que la manifestation demeure interdite, donc que tout acte visant à tenter à nouveau d'entrer sur le site de la réserve sera à nouveau écarté», avait déclaré dans la matinée sur France info la préfète du département, Emmanuelle Dubée.
La veille, plusieurs milliers de personnes (4 000 selon les autorités, 7 000 selon les organisateurs) s'étaient réunies à Sainte-Soline, à l'est de Niort, pour protester contre le projet. Des heurts violents ont éclaté avec les 1 500 gendarmes mobilisés quand des opposants au projet ont voulu pénétrer sur le chantier, interdit d'accès. Une partie d'entre eux y sont parvenus avant d'être repoussés. Une soixantaine de gendarmes selon le ministère de l'Intérieur, dont un a été hospitalisé, et une cinquantaine de manifestants selon les organisateurs de la manifestation, dont cinq hospitalisés, ont été blessés dans ces violences attribuées par la préfecture du département à des militants radicaux.
Les opposant veulent inscrire leurs actions dans la durée
La future réserve destinée à l'irrigation, d'une capacité d'environ 650 000 mètres cubes soit l'équivalent de 260 piscines olympiques, est dénoncée par ses détracteurs comme un «accaparement de l'eau» par l'agro-industrie, doublé d'une aberration écologique à l'heure du réchauffement climatique et des sécheresses à répétition.
Les opposants au projet veulent inscrire leurs actions dans la durée, le terrain privé qu'ils occupent, prêté par un agriculteur, étant disponible jusque mi-mai. «Cela va être notre base pour les prochaines actions contre le chantier s'il venait à redémarrer. ZAD ou pas ZAD, ça va être dans ces termes-là», a assuré à l'AFP Julien Le Guet.
Sainte-Soline est la deuxième itération d'un projet de 16 réserves de substitution élaboré il y a quatre ans par un groupement de 400 agriculteurs pour réduire leurs prélèvements d'eau durant l'été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver.
L'accès à ce stockage est conditionné à l'adoption de pratiques plus respectueuses de l'environnement mais aucun des bénéficiaires de la première retenue ne s'est engagé, pour l'heure, à réduire son usage des pesticides.