Mario Draghi a présenté ce 21 juillet, pour la deuxième fois en une semaine, sa démission et celle de son gouvernement.
«Le président de la République en a pris acte. Le gouvernement reste en place pour la gestion des affaires courantes», a annoncé la présidence dans un communiqué, a rapporté La Repubblica, alors que le 14 juillet Sergio Mattarella avait refusé la démission du président du Conseil italien. La veille, l'ancien président de la Banque centrale européenne avait sollicité un nouveau vote de confiance au Parlement, en commençant par le Sénat, où les nombreuses abstentions – notamment du Mouvement 5 Etoiles, de la Ligue et de Forza Italia –, l’ont à nouveau mis en difficulté et conduit à remettre sa démission, sans attendre le vote de la chambre basse dans la matinée du 21 juillet. En cause notamment, le refus de la coalition de centre-droit emmenée par la Ligue et Forza Italia de reconduire des ministres du Mouvement 5 Etoiles (gauche) au gouvernement, mais aussi la résolution du sénateur Pier Ferdinando Casini (centriste) sur laquelle se fondait le vote de confiance et qui tenait en trois lignes lapidaires : «Le Sénat, ayant entendu les communications du président du Conseil des ministres, les approuve.»
Meloni accuse Draghi de vouloir s'arroger «les pleins pouvoirs»
Une formulation qui a d’autant ouvert la voie à de nombreuses critiques, en particulier de Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) qui a accusé Mario Draghi de vouloir «les pleins pouvoirs». Une attaque frontale balayée d’un revers de main par le président du Conseil italien lors de son retour au Sénat le 20 juillet à 17h, qui a relu plusieurs extraits du discours prononcé le matin même, soulignant qu’à ses yeux la «démocratie parlementaire» était la forme de démocratie dans «laquelle [il] se reconnaît».
Dans l'après-midi du 21 juillet, Sergio Mattarella a accepté la démission du président du Conseil italien, et s'est exprimé afin d'annoncer la dissolution des chambres du Parlement. «La situation politique a conduit à cette décision», a déclaré le président de la République italienne lors d'une allocution télévisée. «Le gouvernement a présenté sa démission et j'en prend acte», a-t-il ajouté, prévenant toutefois que le gouvernement ne restera pas totalement inactif jusqu'aux élections. Outre l'expédition des affaires courantes, Sergio Mattarella a tenu à souligner que le gouvernement dispose «d'instruments pour intervenir sur les exigences présentes et celles qui se présenteront dans les prochains mois». «J'ai le devoir de souligner que la période que nous traversons ne consent pas à une pause des interventions indispensables pour contrer les effets de la crise économique et sociale, et en particulier de l'inflation causée par-dessus tout par le coût de l'énergie et des denrées alimentaires qui ont de lourdes conséquences sur les familles et pour les entreprises», a-t-il renchéri.
Fragilisé le 14 juillet par l'absence des sénateurs du Mouvement 5 Etoiles lors d'un premier vote de confiance au Sénat italien, Mario Draghi avait déjà remis sa démission à Sergio Mattarella. La refusant, celui-ci avait demandé à l'ancien banquier de Goldman Sachs de solliciter un nouveau vote. L'homme était arrivé aux affaires début 2021 pour constituer une coalition d'«unité nationale» suffisamment large et solide pour surmonter l'urgence pandémique et la crise économique qui s'est ensuivie.
Hormis le parti Fratelli d'Italia de Georgia Meloni les principales formations représentées au Parlement étaient entrées dans la coalition, du centre-gauche (Parti démocrate, Italia Viva) à la Ligue de Matteo Salvini, en passant par le parti de Silvio Berlusconi Forza Italia (centre-droit), et le Mouvement 5 Etoiles.