L'Allemagne est en train de bâtir «la plus grande armée conventionnelle européenne au sein de l'OTAN», a affirmé le chancelier Olaf Scholz dans un entretien à la télévision publique ARD après le sommet du G7, le dirigeant y ayant mis en avant les investissements massifs décidés à la suite de l'offensive russe en Ukraine.
Une enveloppe de 70 à 80 milliards d'euros par an pour la défense allemande
«Cela est important pour la capacité de défense de l'OTAN dans son ensemble», a ajouté le chancelier social-démocrate au cours de l'interview, estimant que l'Allemagne fournit, aux côtés des Etats-Unis, «la plus grande contribution» à l'Alliance atlantique. Dans la foulée de l'entrée des troupes russes en Ukraine le 24 février, le gouvernement avait annoncé la mise en place d'un fonds exceptionnel de 100 milliards d'euros visant à moderniser son armée, la Bundeswehr, dont les équipements sont vétustes.
«Nous allons dépenser en moyenne entre 70 et 80 milliards d'euros par an pour la défense», a précisé Olaf Scholz, ce qui permettra à l'Allemagne de devenir selon lui «le pays qui investit le plus dans ce domaine». Pour la première économie européenne, il s'agit d'assurer la défense de son territoire et de remplir ses engagements envers l'Alliance atlantique, en atteignant l'objectif de consacrer au moins 2% du PIB national par an à la défense.
Dans son discours du 27 février 2022 prononcé devant le Bundestag, le chancelier allemand avait évoqué un «effort national d’envergure» pour la défense, se situant «à plus de 2% du produit intérieur brut». «L’objectif est de disposer à terme d’une Bundeswehr performante, ultramoderne et dotée de technologies de pointe qui nous assure une protection fiable», avait-il déclaré. Ces dernières années, l'Allemagne, très attachée à la rigueur budgétaire, rechignait à se conformer aux engagements de l'Alliance atlantique dans ce domaine, s'attirant régulièrement les critiques des Etats-Unis.
Le déblocage de 100 milliards d'euros pour l'armée nationale constitue un revirement de taille pour l'Allemagne. Depuis la fin de la Guerre froide, elle avait en effet nettement réduit les effectifs de son armée, passés de 500 000 environ lors de la réunification du pays en 1990 à environ 200 000 aujourd'hui. A titre de comparaison, la France compte un effectif global de 270 000 hommes.