Ainsi que l'a rapporté l'agence de presse Xinhua, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin a, le 26 mai, qualifié d'irresponsable la rhétorique du chef de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, qui chercherait à exagérer l'hypothèse d'une «menace chinoise».
Deux jours plus tôt, lors d'une intervention au Forum de Davos, le patron de l'OTAN avait appelé les acteurs occidentaux à réduire leurs liens économiques avec la Russie et la Chine, au nom de la sécurité internationale, notamment en considérant qu'il s'agirait d'une grave erreur de «[privilégier] des gains économiques à court terme [au détriment d']une sécurité à long terme». «Si nous partageons la technologie, nous gagnerons peut-être de l'argent mais nous compromettrons la sécurité de l'Occident [...]. Il s'agit de la Russie, mais aussi de la Chine», avait-il encore déclaré.
Contrairement à certains pays de l'OTAN, la Chine n'utilise jamais la force pour menacer d'autres pays
«Contrairement à certains pays de l'OTAN, la Chine n'utilise jamais la force pour menacer d'autres pays, ne s'engage [pas] dans des alliances militaires, [n']exporte [pas] son idéologie vers d'autres pays, [ne] lance [pas] des guerres commerciales ou [ne] réprime [pas] arbitrairement les entreprises d'autres pays», a notamment déclaré, Wang Wenbin, dénonçant «un double standard typique pour l'OTAN d'appeler ses membres à augmenter leurs dépenses militaires à 2% ou plus du PIB tout en critiquant la défense nationale normale et la modernisation militaire de la Chine».
«Comment la Chine peut-elle menacer la sécurité de l'OTAN ?», a-t-il encore interrogé.
Pour Pékin, l'OTAN veut «déstabiliser le monde entier»
Le haut diplomate chinois a en outre exhorté l'Alliance atlantique à cesser d'«essayer de déstabiliser l'Asie et le monde entier». Déplorant le bellicisme de l'organisation militaire, Wang Wenbin a considéré que la stratégie de celle-ci justifiait «une grande vigilance et une ferme opposition de la part de la communauté internationale».
Les propos du porte-parole de la diplomatie chinoise s'inscrivent dans un contexte particulièrement brûlant entre l'organisation menée par Washington et Pékin, en particulier sur le dossier de Taïwan. Les tensions entre l'OTAN et la Chine ne datent pas d'hier. A l'été 2021, réunis en sommet à Bruxelles, les membres de l'Alliance s'étaient déjà dit préoccupés par les «politiques coercitives» de Pékin. «Les ambitions déclarées de la Chine et son comportement affirmé représentent des défis systémiques pour l'ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l'importance pour la sécurité de l'Alliance», avaient-ils affirmé dans les conclusions adoptées à l'issue du sommet.
Ce 26 mai, lors d'un discours très attendu sur la politique des Etats-Unis envers la Chine, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a une nouvelle fois accusé Pékin d'exercer une «coercition croissante» sur Taïwan et de faire monter les tensions autour de l'île revendiquée par la Chine. En outre, le secrétaire d'Etat américain a estimé que la Chine était «le seul pays qui a à la fois l'intention de remodeler l'ordre international et de plus en plus les moyens de le faire sur les plans économique, diplomatique, militaire et technologique». «Nous ne recherchons pas un conflit ou une nouvelle guerre froide. Au contraire, nous sommes déterminés à les éviter», a en outre assuré Antony Blinken, démentant toute volonté d'entrer dans une guerre froide avec la Chine.
En réaction aux propos du secrétaire d’Etat américain, Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a exprimé le lendemain «le fort mécontentement» de Pékin. Le but de ce discours était «d'endiguer et de bloquer le développement de la Chine et de maintenir l'hégémonie et la puissance américaines», a-t-il estimé. «[Ce discours a] répandu de fausses informations, exagéré la menace chinoise, il s'est ingéré dans les affaires intérieures de la Chine et a calomnié sa politique intérieure comme extérieure», a encore déclaré le haut diplomate.