«C'est l'engagement que nous avons pris» : le 23 mai lors d'une conférence d'une conférence de presse à Tokyo, le président américain Joe Biden a assuré que Washington interviendrait militairement en cas de tentative chinoise de s'emparer de Taïwan par la force, réitérant une position définie en octobre dernier.
«Nous étions d'accord avec la politique d'une seule Chine, nous l'avons signée [...] mais l'idée que [Taïwan] puisse être pris par la force n'est tout simplement pas appropriée», a déclaré le chef d'Etat. «Cela disloquera l'ensemble de la région et constituera une action similaire à ce qui s'est passé en Ukraine», a-t-il ajouté, estimant que les Chinois «flirtent avec le danger en ce moment en volant si près [de Taïwan] et avec toutes les manœuvres qu'ils entreprennent».
Le président américain a par ailleurs dressé un parallèle avec la situation en Ukraine, jugeant indispensable de maintenir les sanctions contre la Russie pour que Moscou paye un «prix à long terme», et ce afin d'envoyer un message à la Chine : «[si] les sanctions n'étaient pas maintenues à de nombreux égards, alors quel signal cela enverrait-il à la Chine sur le coût d'une tentative de prise de Taïwan par la force ?»
Pour le chef d'Etat américain, éviter que la Chine ne s'empare de Taïwan – que Pékin considère comme son territoire – dépendra donc «de la force avec laquelle le monde [lui] fait comprendre» le prix qu'elle aurait à payer en cas d'invasion.
Interrogé par RT France sur la déclaration de Joe Biden, Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Iris et spécialiste de la Chine, explique : «Ce qu’il peut se passer à Taïwan n’est pas forcément une attaque de la part du continent mais une poursuite du harcèlement et de rentrer dans les zones aériennes de Taïwan et aussi un début de blocus ou une menace de blocus.»
Pékin déterminé à «protéger sa souveraineté»
La Chine a rapidement réagi au propos du président américain, en l'appelant à «ne pas sous-estimer» sa «ferme détermination» à «protéger sa souveraineté». «Nous demandons instamment aux Etats-Unis [...] d'éviter d'envoyer de mauvais signaux aux forces indépendantistes [de Taïwan]», a ainsi déclaré devant la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Pour Jean-Vincent Brisset : «Il est certain que les Etats-Unis et la Chine sont en train de jouer à un bras de fer. Ca se passe autour de ce qui se passe en Ukraine et en Russie et la Chine est dans une position très intéressante parce qu’elle se retrouve avec un allié russe qui est affaibli et c’est ce qu’elle a toujours cherché et elle peut faire peser des menaces sur Taïwan de manière à voir ce que les Etats-Unis vont faire.»
Selon lui : «Le risque [de conflit militaire] est réel, les Etats-Unis ont fait des promesses les Etats-Unis seront dans doute plus obligés de les tenir dans la mesure où leur crédibilité vis-à-vis des alliés sud-coréens et japonais et australiens est remise en question s’ils ne font pas respecter le souveraineté de Taïwan vis-à-vis de la Chine.»
La Chine et les Etats-Unis s'opposent frontalement sur beaucoup de dossiers mais la question taïwanaise est souvent considérée comme la seule susceptible de provoquer une confrontation armée.
Les Etats-Unis reconnaissent depuis 1979 la République populaire de Chine, mais le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à Taïwan pour son autodéfense. L'île a son propre gouvernement depuis la victoire des communistes sur la partie continentale de la Chine en 1949, mais Pékin considère ce territoire comme l'une de ses provinces et menace de recourir à la force au cas où l'île proclamerait formellement son indépendance. Le président chinois Xi Jinping a cependant réaffirmé récemment sa volonté de parvenir à une réunification «pacifique».