La Corée du Nord a tiré le 25 mai un «missile balistique intercontinental (ICBM) présumé», selon une déclaration de l'armée sud-coréenne, quelques heures après le départ de la région du président américain Joe Biden, qui a effectué une tournée en Asie pendant laquelle il a réaffirmé son soutien à Séoul et Tokyo face à Pyongyang.
Selon Séoul, au moins trois missiles ont été tirés à intervalles rapprochés depuis Sunan, dans la banlieue de la capitale nord-coréenne Pyongyang, en direction de la mer du Japon. «Le premier missile balistique a eu une portée d'environ 360 kilomètres et une altitude d'environ 540 kilomètres», a précisé l'état-major sud-coréen dans un communiqué, tandis que le deuxième missile balistique «a disparu à une altitude de 20 kilomètres» et que le troisième projectile – un missile balistique à courte portée présumé – aurait parcouru environ 760 kilomètres à une altitude d'environ 60 kilomètres.
Cette salve a provoqué en réponse la mobilisation d'avions de chasse américains et sud-coréens, les deux pays dénonçant les «provocations» continuelles de la Corée du Nord. Le gouvernement sud-coréen a condamné «un acte illégal en violation directe des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies». Les Etats-Unis ont également «condamné les multiples tirs de missiles balistiques de la RPDC [République populaire démocratique de Corée]», a réagi un porte-parole du département d'Etat américain le 24 mai, appelant Pyongyang «à s'abstenir de nouvelles provocations et à s'engager dans un dialogue de fond constructif». Pyongyang travaille, selon l’AFP, sur la technologie permettant de manœuvrer les missiles après leur lancement, notamment une «technologie de vol plané hypersonique», qui rendrait plus difficile l'interception par les systèmes de défense antimissiles.
La Corée du Nord préparerait un essai nucléaire imminent, selon Séoul et Washington
Le gouvernement nord-coréen, sous le coup de sanctions des Nations unies pour ses programmes d'armement, a accéléré ses essais de missiles ces derniers mois, blâmant l'attitude «hostile» des Etats-Unis. Il a testé en mars un missile balistique intercontinental pour la première fois depuis 2017, alors que les services de renseignement sud-coréens et américains le soupçonnent de préparer un essai nucléaire imminent, qui serait son premier en cinq ans.
Les tirs de missiles ont été «clairement programmés pour le retour du président Biden après sa visite en Corée du Sud et au Japon», a estimé Park Won-gon, professeur à l'université Ewha à Séoul. Selon lui, les tirs nord-coréens visaient à montrer «les objections de la Corée du Nord» aux annonces faites par le président américain et son nouvel homologue sud-coréen Yoon Suk-yeol. Ceux-ci ont évoqué une intensification de leurs exercices militaires conjoints, ainsi qu'un déploiement dans la péninsule d'avions de chasse ou de missiles «pour se préparer à une attaque nucléaire». Interrogé par un journaliste qui lui demandait s'il avait un message pour le dirigeant nord-coréen, le président américain Joe Biden s'est contenté de répondre, peu avant de quitter la Corée du Sud le 22 mai pour le Japon : «Bonjour. Point final.» Les pourparlers avec Pyongyang sont au point mort depuis l'échec d'un sommet en 2019 entre Kim Jong-un et l’ancien chef d'Etat américain Donald Trump. Par ailleurs, le ministre sud-coréen des Affaires étrangères Park Jin et le secrétaire d'État américain Antony Blinken se sont entretenus au téléphone après les tirs. Les deux hommes ont déclaré qu'il était «profondément déplorable» que la Corée du Nord «utilise ses principales ressources financières pour le développement de l'arme nucléaire et des missiles plutôt que pour la mise en quarantaine et l'amélioration des moyens de subsistance de la population» alors que l'épidémie de Covid-19 a récemment frappé le pays.
Pendant son voyage en Corée du Sud, Joe Biden a également affirmé que Washington avait proposé de fournir des vaccins contre le Covid-19 à la Corée du Nord, mais qu’il n'avait «pas reçu de réponse». Depuis début mai, plus de trois millions de personnes ont été atteintes de «fièvre», selon le terme employé par les médias publics nord-coréens, et 68 en sont mortes, selon le dernier bilan officiel diffusé par le Pyongyang Times. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a annoncé le 12 mai la mise en place d’un confinement pour contrer la propagation du «virus malveillant».