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«Je m'en excuse sans réserve» : Boris Johnson demande pardon pour le «Partygate»

Le Premier ministre britannique a présenté ses excuses devant le Parlement après s'être vu infliger une amende pour avoir enfreint les restrictions anti-Covid. Sans toutefois convaincre l'opposition qui a à nouveau réclamé sa démission.

«C'était mon erreur et je m'en excuse sans réserve» : le Premier ministre britannique Boris Johnson a demandé pardon devant le Parlement, le 19 avril, après s'être vu infliger une amende pour avoir enfreint les restrictions anti-Covid, sans convaincre l'opposition. Boris Johnson a affirmé qu'il ne lui «était pas venu à l'esprit, à l'époque ni par la suite», que sa participation à un bref rassemblement pour son anniversaire en juin 2020 à Downing Street «pouvait constituer une violation des règles» alors en vigueur. 

Il est le premier chef de gouvernement britannique en exercice sanctionné pour avoir enfreint la loi et il risque d'autres amendes dans le cadre de l'enquête sur le «Partygate», nom du scandale des fêtes organisées dans les cercles du pouvoir pendant les confinements mis en place contre la pandémie.

Le dirigeant conservateur s'adressait aux députés pour la première fois depuis qu'il a dû payer une amende de 50 livres sterling (60 euros) le 12 avril pour avoir participé à cet anniversaire surprise pour ses 56 ans, le 19 juin 2020. Un événement de «moins de 10 minutes», selon lui, qui a également valu à son épouse Carrie Symonds et son ministre des Finances Rishi Sunak d'être sanctionnés. «Je respecte les conclusions de l'enquête de police, qui est toujours en cours», a ajouté le Premier ministre.

Il a toutefois tenté de minimiser l'importance du scandale qui exaspère les Britanniques en passant au bout de quelques minutes au sujet de l'invasion russe en Ukraine. «Je sais que de nombreuses personnes sont en colère et déçues et je ressens une obligation encore plus importante de respecter les priorités des Britanniques et de répondre à l'attaque barbare du [président russe Vladimir] Poutine contre l'Ukraine», a-t-il justifié.

Un temps sur un siège éjectable, «BoJo» a retrouvé un second souffle en mettant en avant son rôle en première ligne des sanctions occidentales contre la Russie, après l'offensive de cette dernière en Ukraine. Nombre de députés qui avaient demandé son départ jugent désormais peu opportun de le chasser de Downing Street dans ce contexte.

Un Premier ministre critiqué au sein de son propre camp

Le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer a pourtant estimé le 19 avril que le leader conservateur était «malhonnête et incapable de changer». Prenant l'exemple du chagrin d'un citoyen qui avait respecté, à la différence du Premier ministre, les règles strictes édictées par les pouvoirs publics en ne se rendant pas auprès de son épouse mourante, il a jugé que Boris Johnson était «un homme sans honte», pressant les conservateurs de se débarrasser de leur chef pour redonner «décence, honnêteté et intégrité» à la politique britannique.

Le chef du gouvernement a aussi essuyé des critiques acerbes au sein de son propre camp, le député conservateur Mark Harper estimant qu'il n'était plus «digne» d'être Premier ministre.

Le feuilleton semble loin d'être terminé. La police de Londres, qui a déjà distribué 50 amendes, poursuit ses investigations et les députés britanniques débattront le 21 avril pour savoir si Boris Johnson a sciemment trompé le Parlement en répétant que toutes les règles avaient été respectées, ce qui pourrait être synonyme de démission selon le code de conduite ministériel.

Une popularité en berne 

Le Premier ministre devra en outre faire face, à une date encore inconnue, aux conclusions de la haute fonctionnaire Sue Gray, qui a déjà étrillé dans un pré-rapport des «erreurs de leadership et de jugement». Il doit aussi affronter le verdict des urnes lors d'élections locales le 5 mai. Selon la presse, il risque enfin de nouvelles amendes, pour au moins cinq autres événements festifs.

Downing Street a tenu à démentir de nouveaux détails rapportés par le Sunday Times, qui l'avait décrit comme servant à boire et faisant un discours pour le départ de son chef de la communication le 13 novembre 2020. Selon une étude publiée lundi, 72% des sondés ont une appréciation négative du Premier ministre, le terme revenant le plus souvent à propos du chef du gouvernement étant celui de «menteur». «La fureur n'a pas reculé», a tweeté le sondeur James Johnson, qui a réalisé l'étude. «Beaucoup de commentaires négatifs sont le fait de gens qui l'aimaient bien précédemment, mais qui ont changé d'avis», a-t-il constaté.