Le 16 mars, le secrétaire général de l'OTAN a annoncé que l'Alliance ne déploierait pas de troupes ou de moyens aériens en Ukraine, mais qu'elle prépare un renforcement substantiel de sa présence militaire dans les pays alliés sur son flanc oriental.
«Il n'est pas question de déployer des troupes de l'OTAN ni des avions en Ukraine», a ainsi affirmé Jens Stoltenberg, à l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance. Il a en conséquence décliné la demande de la Pologne d'envoyer une «mission de paix protégée par des forces armées» dans l'ex-république soviétique.
Notre nouveau dispositif devrait inclure des forces nettement plus nombreuses dans la partie orientale de l'Alliance
Jens Stoltenberg a cependant plaidé pour un renforcement des troupes à la frontière de l'OTAN, au niveau terrestre notamment. «Notre nouveau dispositif devrait inclure des forces nettement plus nombreuses dans la partie orientale de l'Alliance, à un niveau de préparation plus élevé, avec davantage d'équipements et de fournitures prépositionnés», a-t-il dit à ce sujet. «Nous sommes confrontés à une nouvelle réalité pour notre sécurité. Nous devons donc réinitialiser notre défense collective et notre dissuasion pour le long terme», a-t-il alors expliqué.
Jens Stoltenberg estime que la situation peut «dégénérer» en une «guerre entre l'OTAN et la Russie»
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a renouvelé le 16 mars son appel à instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine.
«Nous ne voulons pas que la guerre s'étende au-delà de l'Ukraine», lui a répondu Jens Stoltenberg, estimant que la situation risquait de «dégénérer» et de «se transformer en une guerre entre l'OTAN et la Russie».
Interrogé sur la décision du président ukrainien de renoncer à une adhésion à l'OTAN, Jens Stoltenberg a rappelé que l'Ukraine était «un pays souverain». «Il appartient à son gouvernement de décider s'il souhaite ou non devenir membre de l'OTAN», a-t-il déclaré, ajoutant que la Russie n'avait «pas à exercer un droit de veto».
La prudence est de mise. la Russie est une grande puissance militaire
Jens Stoltenberg a en outre refusé de «spéculer» sur la capacité de la Russie à mener à son terme l'offensive militaire déclenchée il y a 21 jours. «La prudence est de mise. La Russie est une grande puissance militaire», a-t-il rappelé.
Plusieurs centaines de milliers de militaires de l'OTAN «en état d'alerte»
Concernant le renforcement du flanc oriental de l'Alliance, Jens Stoltenberg a annoncé qu'il avait été demandé aux commandants militaires de l'OTAN de «préparer des options» pour «ajuster la défense collective et la dissuasion».
«Nous aurons leur avis dans les semaines à venir et mon ambition est que les chefs d'Etat et de gouvernement, lorsqu'ils se réuniront en sommet à la fin du mois de juin à Madrid, puissent prendre les décisions concernant l'augmentation significative de la présence et le renforcement de notre dissuasion et de notre défense sur terre, en mer et dans les airs», a-t-il précisé.
Un sommet extraordinaire est prévu le 24 mars à l'occasion de la venue en Europe du président américain Joe Biden. L'Alliance a déjà renforcé ses défenses sur son flanc oriental avec l'activation pour la première fois de sa force de réaction rapide, et le déploiement de systèmes anti-missiles Patriot par les Etats-Unis en Pologne, et par l'Allemagne et les Pays-Bas en Slovaquie.
«Plusieurs centaines de milliers de militaires sont en état d'alerte, plus de 100 000 militaires américains sont présents en Europe et plus de 40 000 militaires sont sous commandement direct de l'OTAN dans la partie orientale de l'Alliance», a encore souligné Jens Stoltenberg. «Renforcer les défenses signifie augmenter les dépenses militaires», a-t-il toutefois averti. Tous les membres de l'Alliance se sont ainsi engagés à consacrer 2% de leur PIB à des dépenses militaires pour 2024. Or, en 2021, le «club des 2%» ne comptait que 10 membres (sur 30), dont 8 pays de l'Union européenne.
Le 15 décembre 2021, la diplomatie russe avait remis aux Etats-Unis deux projets de traités, prévoyant notamment l'arrêt de tout nouvel élargissement de l'OTAN – y compris à l'Ukraine – et une limitation des déploiements et des exercices militaires proches de la frontière russe, dans les pays de l'ancien espace soviétique. Par la suite, la diplomatie russe a précisé que Moscou demandait un retrait des troupes étrangères de l'OTAN de certains pays d'Europe – parmi lesquels la Roumanie et la Bulgarie – afin de «revenir à la configuration de 1997 sur le territoire des pays qui n’étaient pas membres de l’OTAN à cette date». Ces demandes avaient été rejetées, et Vladimir Poutine avait déclaré qu'il était «clair» que l'Occident avait «ignoré» les préoccupations russes.