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Mexico accuse le Parlement européen de servir la «stratégie du coup d'Etat» de ses opposants

Le gouvernement mexicain a vivement réagi au vote d'une résolution du Parlement européen lui enjoignant d'assurer la protection des journalistes et des défenseurs des droits humains, dénonçant une «ingérence» profitant à ses opposants.

Le gouvernement mexicain a accusé le Parlement européen de se joindre à la «stratégie du coup d'Etat» poursuivie selon lui par ses opposants, après que les députés européens lui ont demandé d'assurer la protection des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme, à la suite de l'assassinat de sept reporters en 2022. «Il est regrettable qu'ils se joignent comme des moutons à la stratégie réactionnaire et putschiste du groupe corrompu» qui «s'oppose» au gouvernement mexicain, a-t-il réagi le 10 mars dans un communiqué, exigeant également que les députés européens «abandonnent leur manie de l'ingérence déguisée en bonnes intentions».

Selon la résolution adoptée par les députés européens, qui n'a pas de caractère contraignant, «la situation s'est détériorée» depuis la dernière élection présidentielle de 2018, avec officiellement au moins 47 journalistes et 68 défenseurs des droits de l'homme assassinés, tandis que «2022 a connu le début d'année le plus meurtrier pour les journalistes au Mexique».

Le Parlement européen n'a pas pris de gants en affirmant que «la corruption institutionnalisée et généralisée, à laquelle s’ajoute un système judiciaire déficient, est à l’origine d’un problème d’impunité endémique, 95% des meurtres de journalistes demeurant impunis». De plus, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador utiliserait une «rhétorique insultante et stigmatisante» à l'égard des journalistes : il a «fréquemment tenu des propos populistes lors des conférences de presse quotidiennes pour dénigrer et intimider les journalistes, les propriétaires de médias et les activistes indépendants», accuse le texte du Parlement.

En outre, «sous prétexte de lutter contre les fausses informations», le gouvernement a créé «une plateforme publique destinée à dénoncer, à stigmatiser et à attaquer la presse qui se montre critique», toujours selon la résolution.

«Assez de corruption, de mensonges et d'hypocrisies», a rétorqué dans son communiqué le gouvernement du président de gauche mexicain, assurant qu'au Mexique «la liberté d'expression et le travail des journalistes sont respectés». Quelque 150 journalistes ont été assassinés au Mexique depuis 2000, selon Reporters sans frontières. Mi-février 2022, le président mexicain avait déclaré, au cours d'une conférence de presse, que les journalistes n'étaient «pas seuls» face à la violence et affirmé que son gouvernement n'agirait pas «avec indolence» pour enquêter sur les assassinats de membres de la presse.