Selon les autorités municipales de Marioupol, citées par l'AFP, un raid aérien sur des infrastructures abritant une maternité aurait causé la mort de trois personnes le 9 mars, dont un enfant. Toujours selon l'AFP, le bilan de la mairie fait par ailleurs état de 17 blessés. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté condamné «un crime de guerre» et partagé des vidéos montrant la destruction de l'établissement en question. Côté russe, le bilan n'a pas été confirmé et la diplomatie assure que ce bâtiment ne servait plus de maternité, mais bien de base à des groupes de combattants extrémistes ukrainiens, comme l'affirmait Moscou depuis plusieurs jours.
Interrogé ce 10 mars en conférence de presse sur le bombardement, la veille, d'infrastructures abritant un hôpital pédiatrique et une maternité à Marioupol, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a commenté : «Cette maternité a depuis longtemps été prise par le bataillon Azov et d’autres [groupes] radicaux. Toutes les femmes enceintes en ont été expulsées, toutes les infirmières, tout le personnel de service en général.» Il a par ailleurs rappelé que Moscou avait rendu publique cette information plusieurs jours auparavant, en référence à une situation dénoncée par le représentant russe au Conseil de sécurité des Nations unies.
«Le sol de la ville [...] a tremblé à plus d'un kilomètre de distance lorsqu'une maternité a été touchée par une série d'explosions [lors] d'une frappe aérienne russe qui a soufflé des fenêtres et arraché une grande partie de la façade d'un bâtiment», a pour sa part relaté, quelques heures plus tôt, l'agence de presse américaine AP, qui dispose de reporters sur place.
Pour rappel, située dans le sud-est de l'Ukraine, la ville de Marioupol est le théâtre d'intenses combats entre d'une part l'armée russe au côté des forces que Kiev décrit comme des «séparatistes prorusses» ; et d'autre part, l'armée ukrainienne ainsi que des bataillons décrits par Moscou comme des «nationalistes ukrainiens».
Dans le cadre de ces combats, l'armée russe a annoncé à plusieurs reprises l'ouverture de couloirs humanitaires et l'instauration d'un cessez-le-feu pour évacuer les populations civiles. Mais ces initiatives se sont pour l'heure heurtées à des refus du côté des autorités ukrainiennes. «Ce n’est pas une option acceptable», avait par exemple réagi le 7 mars le Premier ministre ukrainien Iryna Verechtchouk. «[Ces civils] n’iront pas en Biélorussie pour ensuite prendre l’avion et aller en Russie», avait-elle alors ajouté. Kiev avait de son côté mis en place d'autres couloirs humanitaires, et les deux parties se sont mutuellement accusées d'avoir violé ces dispositifs.
Le 7 mars, Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie à l'ONU avait ainsi annoncé que les forces armées ukrainiennes avaient «chassé le personnel de la première maternité de la ville de Marioupol et mis en place une base de tirs au sein de l'infrastructure». Il avait en particulier souligné l'influence «des combattants des bataillons nationalistes Azov et Aïdar», milices néo-nazies intégrées aux forces ukrainiennes.
Depuis le début de l'offensive militaire russe, présentée par Moscou comme une opération de démilitarisation de l'Ukraine et par Kiev et ses alliés comme une guerre d'invasion, la Russie accuse les forces ukrainiennes de se servir des civils comme boucliers humains. L'Ukraine affirme pour sa part que Moscou cible délibérément des zones résidentielles, malgré le fait que l'armée russe affirme viser exclusivement les infrastructures militaires.