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Pour Poutine, «l'Occident civilisé préfère ne pas faire attention» aux «13000 morts» dans le Donbass

Vladimir Poutine est longuement revenu sur la genèse de la situation qui a mené à l'opération militaire russe en Ukraine. Il a également souligné le danger selon lui bien réel que Kiev devienne une puissance nucléaire, avec le soutien de Washington.

Lors d'une intervention le 5 mars, le président russe Vladimir Poutine est revenu sur la genèse du conflit entre la Russie et l'Ukraine, qui prend source selon lui dans les événements de Maïdan de 2014 et le «coup d'Etat», activement soutenu par les Occidentaux, qui ne s'en «cachent même pas».

Revenant sur le rattachement de la Crimée à la Russie par voie référendaire qui a suivi et la non-application des accords de Minsk Vladimir Poutine a ensuite estimé que les bombardements qui ont frappé la région du Donbass représentaient une répression contre les russophones ne soutenant pas le «coup d'Etat» issu de Maïdan.

«Les gens qui, au fond, ont résisté à ce développement, ont fait l’objet de poursuites, et les autorités de Kiev ont commencé à mener des opérations militaires sur ces territoires. Ils ont effectué deux opérations militaires punitives de large envergure en ayant recours à du matériel lourd, des aéronefs de combat, en frappant directement Donetsk», a ainsi expliqué Vladimir Poutine. Le président russe a également avancé qu'environ «13 à 14 000 personnes ont été tuées pendant cette période-là, pendant ces années-là. Plus de 500 enfants ont été tués ou mutilés».

«Ce qui est le plus difficile à tolérer, c’est que le soi-disant Occident civilisé préfère ne pas y faire attention. Pendant toutes ces années, écoutez, huit ans. Huit ans», a-t-il martelé.

Le risque nucléaire de l'Ukraine

L'adhésion de l'Ukraine a l'OTAN a également été abordée par Vladimir Poutine, qui y voit un facteur de déstabilisation pour la région, et un risque d'escalade. Invoquant le principe d'aide mutuelle assurée par l'Alliance atlantique, le dirigeant russe craint en effet que l'Ukraine n'instrumentalise le principe d'aide mutuelle assuré par l'Alliance atlantique pour mener une guerre contre la Russie.

«Personne, sauf nous [la Russie], ne reconnaît la Crimée comme faisant partie de la Russie. Ils mènent des opérations militaires dans le Donbass. De la même manière, ils interviendront en Crimée en nous obligeant à mener une guerre contre l’OTAN dans son ensemble, contre toute l’organisation», a ainsi averti Vladimir Poutine.

Le chef d'Etat a enfin évoqué le risque bien réel selon lui de voir l'Ukraine se doter de l'arme atomique : «Là, on parle de l’acquisition du statut nucléaire, c’est-à-dire de l’acquisition d’armes nucléaires. Nous ne pouvons pas laisser passer cela. D’autant que nous connaissons le comportement de l’Occident à l’égard de la Russie.»

«Premièrement, l’Ukraine dispose de compétences nucléaires depuis l’ère soviétique. En ce qui concerne l’enrichissement et les matières nucléaires, ils pourront organiser ce travail. Il y a des compétences en matière de missiles. [...] [Le constructeur aérospatial national ukrainien] Ioujmach, c’est déjà quelque chose, développait des équipements balistiques intercontinentaux pour l’Union soviétique. [Ils] amélioreront [ces compétences] et le feront ! Et là-bas, de l’autre côté de l’océan, ils les aideront à le faire», a-t-il déclaré. «Ensuite, ils diront qu’ils ne reconnaissent pas ce statut nucléaire, qu’ils y sont arrivés de manière autonome, ils mettront ces équipements sous leur contrôle. Dès cet instant, le destin de la Russie ne sera plus du tout le même», a averti Vladimir Poutine.

«Nos adversaires stratégiques [n'auraient alors] plus besoin de missiles balistiques intercontinentaux. Ils nous tiendront en joue. Comment pouvons-nous laisser passer cela ? Ce sont des menaces absolument réelles, et non pas des histoires fantaisistes», a assuré Vladimir Poutine.