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Près de 7 000 scientifiques russes protestent «contre l'invasion militaire de l'Ukraine»

Dans une lettre ouverte adressée à Vladimir Poutine, près de 7 000 scientifiques, mathématiciens et universitaires russes protestent contre l'opération militaire russe en Ukraine. Ils craignent que le conflit n'amène la «perte totale» de leur pays.

Près de 7 000 scientifiques, mathématiciens et universitaires russes ont adressé ce 3 mars une lettre ouverte au président Vladimir Poutine pour protester «fermement» contre l'opération militaire russe menée en Ukraine.

«Nous, scientifiques et journalistes scientifiques travaillant en Russie, protestons fermement contre l'invasion militaire de l'Ukraine lancée par l'armée russe», écrivent-ils dans une lettre publiée par le site trv-science.ru news. 

Selon l'AFP, les plus de 6 900 signataires de ce courrier s'exposeraient par cette initiative à des peines d'amende ou d'emprisonnement. En outre, selon le président de la Douma (chambre basse du Parlement russe) Viatcheslav Volodine, des projets de loi qui seront examinés le 4 mars prévoient d'établir «des responsabilités pour propagation de fausses informations» pouvant conduire à des «amendes considérables allant jusqu'à 5 millions de roubles et jusqu'à 15 ans d'emprisonnement pour les cas ayant mené à des conséquences graves». «Il s'agit d'une mesure dure mais nécessaire envers ceux commettent des actes hostiles contre leur pays, son armée et nos concitoyens», a-t-il fait valoir.

Les valeurs humanistes sont le fondement sur lequel se construit la science

«Les valeurs humanistes sont le fondement sur lequel se construit la science. Les nombreuses années passées à renforcer la réputation de la Russie comme un centre de mathématiques de premier plan ont été entièrement sabordées par l'agression militaire inédite menée par notre pays», déplorent les scientifiques.

Le Congrès international des mathématiciens, la «plus prestigieuse des conférences de mathématiques au monde» qui devait se tenir en Russie en juillet, a notamment été annulé, pointent-ils. Ils dénoncent également un «Etat voyou».

Selon eux, l'objectif de devenir une grande nation scientifique «ne peut être atteint lorsque les vies de nos collègues les plus proches – des scientifiques en Ukraine – sont en danger à cause de l'armée russe». «Nous sommes convaincus qu'aucun intérêt géopolitique ne peut justifier les morts et le bain de sang. La guerre ne mènera qu'à la perte totale de notre pays, pour lequel nous travaillons», ajoutent-ils encore.

Une opération menée pour «démilitariser» et «dénazifier» l’Ukraine, selon Moscou

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé le 24 février une opération militaire en Ukraine, qui vise selon lui à défendre les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, dont il a reconnu l'indépendance, mais aussi à «démilitariser» et à «dénazifier» l’Ukraine.

Cette opération a été dénoncée comme une guerre d'invasion, notamment par les pays occidentaux, qui ont multiplié les sanctions antirusses. En outre, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté le 2 mars une résolution qui «exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine». Ce même jour, l'ambassadeur de l'Ukraine à l'ONU, Serguiï Kyslytsya, a accusé la Russie de perpétrer un «génocide» dans son pays, lors d'un discours à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies. Son homologue russe, Vassily Nebenzia, a quant à lui déclaré que son pays voulait «uniquement arrêter» le conflit dans le Donbass et a assuré que l'armée russe ne visait pas de cibles civiles.