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Le ministre bulgare de la Défense risque d'être limogé pour des propos jugés favorables à la Russie

Le Premier ministre bulgare Kiril Petkov a annoncé le renvoi de son ministre de la Défense, au motif que celui-ci, déjà réticent quant à l'accueil de troupes de l'OTAN, a refusé d'utiliser le mot «guerre» à propos de l'opération militaire russe.

Le Premier ministre bulgare, Kiril Petkov, a annoncé le 28 février le limogeage de son ministre de la Défense, Stefan Yanev, qui a exprimé des réserves sur le conflit en Ukraine en refusant d'utiliser le mot «guerre».

«Personne n'a le droit à sa propre politique étrangère, notamment en temps de crise» et lorsque «l'Union européenne est plus unie que jamais», a déclaré Kiril Petkov devant la presse à Sofia. Il a entre autres reproché à son ministre Stefan Yanev d'avoir qualifié la guerre en Ukraine de simple «opération» militaire russe. La décision doit être entérinée ce même 28 février par un Conseil des ministres extraordinaire, puis validée par le Parlement le 1er mars. Des intellectuels et des ONG réclamaient depuis plusieurs jours sa démission, dénonçant un comportement «inadéquat», tandis qu'une pétition en ligne a recueilli des milliers de signatures.

Stefan Yanev a dénoncé la semaine dernière «une agression inadmissible» de Moscou contre l'Ukraine, mais il a appelé à «ne pas utiliser à la légère le terme de "guerre"», faisant valoir que le président russe Vladimir Poutine «lui-même» évite ce terme. En décembre, il s'était par ailleurs montré réticent à accueillir des troupes de l'OTAN sur le sol bulgare, craignant que «cela ne renforce les tensions dans la région».

Dans un appel lancé aux Bulgares le 27 février au soir sur Facebook, Stefan Yanev a mis en garde contre des décisions «dangereuses pour notre pays», qui «ne mérite pas d'être sacrifié dans les jeux des grandes puissances». «La Bulgarie n'a pas besoin de démontrer une position pro-russe, pro-américaine ou pro-européenne», a-t-il complété, insistant sur la priorité à accorder aux «intérêts nationaux» du pays. Cette déclaration est intervenue après l'annonce par l'Union européenne du déblocage de 450 millions d'euros afin d'acheter des armes destinées aux forces armées ukrainiennes, ainsi que de la fourniture, par certains pays, d'avions de combat à ces mêmes forces.

Depuis le 24 février, l'action militaire décidée par la Russie vise, selon le président Vladimir Poutine, à défendre les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, dont il a reconnu l'indépendance, et à «démilitariser» et «dénazifier» l’Ukraine. Elle suscite la condamnation des Occidentaux, qui la dénoncent comme un guerre d'invasion et ont adopté de nouvelles sanctions économiques contre la Russie.