L'opérateur australien de satellites, Foxtel, a notifié ce 26 février à la branche internationale de RT qu'il suspendait la diffusion de la chaîne en Australie «en raison des préoccupations liées à la situation en Ukraine». L'opérateur a également fait connaître son intention d'«examiner» ses droits en vertu de l'accord de licence signé avec la chaîne, sans donner de détails sur d'éventuelles mesures supplémentaires.
La rédactrice en chef adjointe du groupe RT, Anna Belkina a déploré cette décision, soulignant que «les journalistes de RT travaillent sans relâche pour acheminer des faits et des points de vues précieux à un public de millions de personnes dans le monde. Lorsqu'une organisation ou un gouvernement appelle à, ou décide de retirer RT de l'antenne, cela souligne juste la fausse idée de la liberté de la presse dans les nations concernées».
Foxtel est un opérateur satellite qui couvre l'ensemble du territoire australien et dispose de son propre serveur OTT (over-the-top) permettant de proposer des services médias au public directement via internet. Il compte environ 3,8 millions de clients.
Le 24 février, la Pologne a retiré RT – ainsi que d'autres diffuseurs russes – de ses réseaux de diffusion via câble et satellite, ainsi que de ses plateformes internet. L'opérateur européen de télévision par satellite Eutelsat a pour sa part suspendu la diffusion de la branche germanophone de RT peu après son lancement en décembre de l'année dernière, sous la pression du régulateur régional allemand des médias MABB.
Début février, le principal régulateur allemand des médias s'est également rangé du côté de la MABB et a confirmé l'interdiction de diffusion de RT DE dans le pays, invoquant l'absence d'une licence délivrée localement. La chaîne avait précédemment obtenu un permis paneuropéen valide en Serbie, mais les régulateurs allemands l'ont déclaré nul. RT DE envisage maintenant de faire appel de la décision devant la justice.
RT fait face à des pressions depuis un certain temps déjà : avant même le début de l'intervention militaire russe, Londres avait demandé au régulateur Ofcom de reconsidérer la licence d'exploitation de RT au Royaume-Uni, accusant le média de faire partie d'une «campagne mondiale de désinformation».
En France aussi, les appels à couper les canaux de diffusion de RT France se sont encore amplifiés, du très médiatique Bernard-Henri Lévy au président de la Commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat, Laurent Lafon. Lassés de la multiplication des procès d'intention intentés à RT France, les syndicats de journalistes ont de leur côté fait part de leur indignation. Dans un communiqué commun, les sections du Syndicat national des journaliste (SNJ) et de Force ouvrière (FO) de RT France rappellent les faits suivants : «Malgré la confusion entretenue par certains à l'égard de nos collègues, nous soulignons notre attachement à la charte d'éthique mondiale des journalistes de la FIJ, et nous sommes fiers de pouvoir contribuer, à notre échelle, au pluralisme de l'information dans notre pays.»