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RT DE interdite de diffusion satellite par un opérateur européen: la Russie n'exclut pas de «réagir»

Interrogé par RT, le ministre russe des Affaires étrangères a commenté la décision du régulateur allemand contraignant un opérateur satellite européen à exclure RT en Allemand. Sergueï Lavrov a souligné que la patience de Moscou avait «des limites».

Ce 22 décembre, lors d'un entretien exclusif accordé à RT, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est exprimé sur la décision du régulateur allemand des médias (MABB). Ce dernier a en effet contraint l’opérateur satellite européen Eutelsat 9B à retirer de sa plateforme de diffusion la chaîne de télévision RT en Allemand (RT DE), comme l'a annoncé la chaîne dans un communiqué ce 22 décembre.

«Toute patience a ses limites», affirme Lavrov

Sergueï Lavrov a évoqué un cas «scandaleux» et une discrimination dont il a imputé la responsabilité, avant celle des régulateurs, aux «autorités allemandes qui ont tout fait pour créer une image négative de [cette] chaîne dans la société allemande, parmi les structures officielles allemandes».

Il a ensuite fait savoir que la Russie n'excluait pas de «réagir», affirmant : «Nous avons été, bien sûr, souvent tentés de répondre d’une manière symétrique. De rendre la pareille, pour ainsi dire. Mais jusqu’à récemment, nous étions quand même convaincus que dans cette situation, nous ne voulions pas suivre la même voie d’étouffement de la presse et des médias, comme le font nos partenaires occidentaux. Mais, vous savez, comme pour les garanties de sécurité pour la Russie, toute patience a ses limites. Par conséquent, je n’exclus pas que nous soyons contraints, si cette situation inacceptable perdure, que nous soyons contraints de réagir.»

Dans son communiqué, RT DE a dénoncé les actions du régulateur allemand comme étant illégales et violant la Convention européenne sur la télévision transfrontière (CETT). RT DE y affirme également que la décision du MABB a été prise «sur la base de déclarations infondées et contraires à la réalité». «Nous considérons que les actions du régulateur allemand sont illégales et sommes convaincus que cette décision sera réexaminée devant les tribunaux», conclut le média germanophone. De son côté, le régulateur allemand des médias, cité par l'AFP, accuse la chaîne de contrevenir à la «souveraineté juridique» du pays.

Le 16 décembre, jour de lancement de la chaîne RT DE, YouTube avait également supprimé sa chaîne RT auf Sendung («RT à l'antenne», en français). Celle-ci diffusait en direct ses programmes depuis environ cinq heures lorsqu'elle a été bloquée. Quelques mois plus tôt, la chaîne YouTube principale de RT DE avait été bloquée par la plateforme. YouTube reprochait notamment à RT DE le chargement d’un contenu qui, selon ses termes, «violait [la] politique sur les fausses informations médicales concernant l’infection au Covid-19».

De son côté, la rédactrice en chef monde de RT Margarita Simonian avait dénoncé une «guerre médiatique». «Il s'agit d'une véritable guerre médiatique déclarée par l'Etat allemand à l'Etat russe [...] J’attends avec impatience que mon pays natal m'interdise sans plus attendre de regarder Deutsche Welle et d’autres médias allemands en Russie et ferme les bureaux d’ARD et de ZDF», affirmait Margarita Simonian, qualifiant d'«imaginaires» les règles d'utilisation dictées par YouTube.

Au cours de son entretien à RT ce 22 décembre, le ministre russe a également évoqué l'entretien ayant eu lieu le 21 décembre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, lors duquel le dirigeant russe a fait état de sa préoccupation quant aux «restrictions auxquelles la chaîne d'information RT est toujours soumise en France», selon le compte-rendu du Kremlin. 

Sergueï Lavrov a déclaré que Moscou avait «espoir que le travail des médias russes soit aussi confortable que le travail de leurs homologues en Russie».