La secrétaire au Trésor des Etats-Unis Janet Yellen a admis dans un entretien à l'AFP que des sanctions à l'encontre de la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine – projet maintes fois démenti par Moscou – auraient des «répercussions mondiales».
«Evidemment, nous voulons que cela pèse surtout sur la Russie. Mais nous reconnaissons que ces sanctions auront aussi des répercussions mondiales», a déclaré celle qui occupe un poste équivalent à celui de ministre de l'Economie et des Finances dans l'administration Biden. Elle a précisé qu'un «paquet de sanctions» visant des personnes et entreprises du secteur financier – avec «sans doute un contrôle des exportations» – avait été préparé en concertation avec les alliés européens.
Le 15 février, le président Joe Biden avait prévenu que les sanctions occidentales contre la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine étaient «prêtes». Il avait alors évoqué des mesures «puissantes» visant les institutions financières et «des industries-clés».
Une inquiétude quant aux prix de l'énergie
«Le Trésor est impliqué dans l'élaboration d'un ensemble de sanctions financières», a poursuivi Janet Yellen, soulignant avoir «travaillé très, très étroitement avec [ses] alliés européens». «Nous nous sommes mis d'accord sur un paquet de sanctions [...] très important qui aura de graves conséquences pour l'économie russe», a-t-elle encore martelé, avant d'assurer avoir «un très fort soutien de la part de nos alliés européens pour avancer ensemble».
Plus largement, la secrétaire au Trésor s'inquiète des conséquences de ces tensions géopolitiques sur les prix de l'énergie, alors que les Etats-Unis font déjà face à leur plus forte inflation depuis 40 ans. «Nous sommes préoccupés par l'impact potentiel sur les marchés de l'énergie, compte-tenu du rôle important de la Russie en tant que fournisseur de pétrole pour le marché mondial, et de gaz naturel pour l'Europe», a-t-elle souligné, avant de préciser que Washington travaillait avec ses «alliés européens pour essayer de les protéger au mieux» des conséquences possibles d'éventuelles sanctions. Il s'agit ainsi de s'«assurer qu'il y a des approvisionnements disponibles [qui] viennent d'autres parties du monde», et que «le pétrole et le gaz naturel continuent d'être acheminés vers l'Europe».
Depuis plusieurs semaines, certains pays occidentaux – et plus particulièrement les Etats-Unis – accusent la Russie de vouloir mener une grande offensive contre ses voisins ukrainiens. Un scénario maintes fois démenti par la Russie, qui prête aux Occidentaux l'intention d'envenimer la situation dans la région. Ces derniers ont d'ailleurs récemment annoncé le déploiement de troupes en Europe de l'Est ainsi que l'envoi de millions de dollars et la fourniture de matériel militaire à Kiev. Le 15 février, un porte-parole du ministère russe de la Défense a fait savoir que les troupes russes stationnées à proximité de la frontière avec l'Ukraine avaient entamé un retour vers leurs garnisons, mettant fin aux exercices militaires menés par la Russie.