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«Convoi de la liberté» au Canada : le mouvement s'amplifie et veut frapper l'économie

La contestation contre les mesures sanitaires s'étend au Canada avec le blocage d'un troisième axe frontalier avec les Etats-Unis. Les manifestants ont ainsi décidé de toucher l'économie en paralysant certaines voies commerciales essentielles.

Avec le blocage d'un troisième axe frontalier avec les Etats-Unis, la contestation contre les mesures sanitaires au Canada s'étendait ce 10 février au moment où le mouvement inspire ailleurs dans le monde, de la France à la Nouvelle-Zélande.

Quatre jours après le blocage du pont Ambassador, entre l'Ontario et Detroit (Michigan), aux Etats-Unis, qui perturbe déjà l'industrie automobile des deux côtés de la frontière, un autre axe a été ciblé par les manifestants canadiens, qui sont dans les rues depuis bientôt deux semaines. «Aucune circulation n'est possible», a fait savoir ce 10 février au matin la police de la province du Manitoba (centre) en raison d'une manifestation impliquant un «grand nombre de véhicules et d'équipements agricoles» à Emerson. Cet axe relie le Manitoba au Dakota du Nord.

Les manifestants ont en effet décidé de frapper maintenant l'économie en paralysant certaines voies commerciales essentielles. Plusieurs usines des constructeurs automobiles Ford, Stellantis et Toyota en Amérique du Nord ont dû temporairement fermer ou fonctionner à capacité réduite en raison des blocages. Cela «nuit aux clients, aux travailleurs de l'automobile, aux fournisseurs, aux communautés et aux entreprises des deux côtés de la frontière, qui connaissent déjà depuis deux ans des pénuries de pièces résultant du manque de semi-conducteurs dans le monde, du Covid-19 et d'autres éléments», a souligné la porte-parole de Ford. 

Près de 2,5 millions de camions empruntent le pont Ambassador chaque année. Plus de 25% des marchandises exportées entre les Etats-Unis et le Canada y transitent. «Nos entreprises du secteur de l'automobile, de l'industrie et de l'agriculture en ressentent les effets», a condamné la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer.

«Lever le blocus»

Le mouvement s'étend sur les routes et semblait dans une impasse dans les rues de la capitale fédérale Ottawa, a constaté une journaliste de l'AFP.

Des centaines de camions bloquent toujours les rues, installés devant le Parlement et les bureaux du Premier ministre Justin Trudeau, qui a qualifié le 9 février ces blocages d'«inacceptables» et de menace pour l'économie. 

La police a toutefois annoncé ce 10 février être parvenue à «négocier le départ» d'une vingtaine de camions dont certains dans le centre-ville. Mais la plupart des camionneurs répètent qu'ils ne bougeront pas. La chef intérimaire du Parti conservateur du Canada, Candice Bergen, jusqu'ici soutien du mouvement, a appelé ce 10 février les manifestants à cesser leurs actions et à rentrer chez eux. «Je crois qu'il est temps de lever le blocus pour le bien de l'économie», a-t-elle déclaré au Parlement. 

«Le gouvernement nous a enfermés quatre ou cinq fois et maintenant tout le monde regarde ceux qui se battent pour leurs droits et dit : "Vous bloquez la ville." Mais oui, on le fait !», s'enflamme auprès de l'AFP Greg Oates, un pêcheur de 49 ans, venu de Terre-Neuve et bien décidé à rester. Ce dernier, barbe brune, est arrivé à Ottawa il y a dix jours avec sa femme et ses deux chiens.

Sur place, tous regardent avec fierté le développement du mouvement ailleurs. «Nous pensions être seulement quelques centaines de camions et maintenant nous avons, quelque part, créé un mouvement mondial. C'est incroyable», s'enthousiasme Lloyd Brubacher, camionneur de l'Ontario.