Après des mois d'impasse, les négociations visant à relancer l'accord sur le nucléaire iranien – entre l'Iran d'une part et l'Allemagne, la Chine, la France, Royaume-Uni, la Russie et indirectement les Etats-Unis d'autre part – ont récemment repris à Vienne et avancent désormais significativement.
Une situation vue d'un très mauvais œil par le Premier ministre israélien Naftali Bennett, pour qui Téhéran représente la «plus grande menace pour l'Etat d'Israël». Le 6 février, quelques heures avant de s'entretenir avec le président américain Joe Biden sur le sujet, Naftali Bennett a ainsi livré son sentiment, lors d'une réunion de son cabinet.
«L'accord et ce qui semblent être ses conditions vont nuire à la capacité de s'en prendre au programme nucléaire [de Téhéran]», a-t-il confié dans des propos rapportés par le Jerusalem Post. «Quiconque pense qu'un accord va accroître la stabilité se trompe. Il retardera temporairement l'enrichissement [d'uranium], mais nous tous, dans la région, en paierons un prix lourd et disproportionné», a-t-il poursuivi.
En conséquence de cette analyse, le chef du gouvernement israélien entend renforcer militairement son pays pour les décennies à venir, et a réitéré la doctrine diplomatique de Tel Aviv : «Israël maintiendra sa liberté d'action dans n'importe quelle situation, avec ou sans accord.»
Le 10 janvier dernier devant la Commission des Affaires étrangères de la Knesset, Naftali Bennett avait en effet déjà fait savoir qu'Israël n'était aucunement «lié» par cet accord : «Concernant les négociations à Vienne, nous sommes absolument inquiets et il est important pour moi de dire ici de manière claire qu'Israël ne fait pas partie des accords, qu'Israël n'est pas contraint par ce qui sera écrit dans les accords et qu'Israël maintiendra une totale liberté d'action partout et à tout moment, sans limitation.»
Conclu en 2015 après d'âpres négociations entre les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Union européenne, et l'Iran, le JCPOA (pour Joint Comprehensive Plan of Action, Plan d’action global commun) est censé garantir que Téhéran ne se dotera pas de l'arme atomique en échange de la levée des sanctions internationales à son encontre. Les Etats-Unis se sont retirés de ce texte en 2018, sous la présidence de Donald Trump, qui l'avait qualifié de «plus mauvais accord jamais négocié». Washington avait rétabli dans la foulée ses sanctions économiques et la République islamique s'était, en riposte, affranchie des restrictions liées à son programme nucléaire.
Les négociations actuelles, qui visent à mettre en œuvre un «retour mutuel» de Washington et Téhéran dans l'accord, ont débuté au printemps 2021, et se déroulent entre les Iraniens et les parties restantes à l'accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie), avec la participation indirecte des Américains.