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Migrants dans la Manche : Londres dénonce de «fausses» accusations de Macron

La ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel a dénoncé ce 2 février les «fausses» accusations d'Emmanuel Macron qui a reproché au Royaume-Uni d'être moralement responsable de la mort de migrants tentant de traverser illégalement la Manche.

La ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel, a vigoureusement rejeté ce 2 février les critiques du président français Emmanuel Macron envers le Royaume-Uni, qu'il a accusé d'être moralement responsable de la mort de migrants tentant de traverser illégalement la Manche. «Les remarques de Macron sont fausses, elles sont totalement fausses», a-t-elle déclaré devant une commission parlementaire. 

Les traversées illégales de la Manche constituent un sujet de tension régulier entre Paris et Londres, les autorités britanniques estimant insuffisants, malgré le versement d'aides financières, les efforts menés côté français pour empêcher les migrants d'embarquer. Un nombre record de plus de 51 000 migrants ont tenté la dangereuse traversée en 2021, dont plus de 28 000 ont abouti, du jamais vu également, a rappelé Priti Patel. Certains l'ont payé de leur vie, comme fin novembre, quand le naufrage d'une embarcation précaire a fait 27 morts.   

Emmanuel Macron, qui n'a pas encore formellement annoncé sa candidature à sa réélection, a reproché aux Britanniques d'en être responsables, au vu de leur refus d'établir une route légale d'immigration. «La responsabilité morale de ceux qui périssent en mer n'incombe pas à la France, mais à ce refus de réponse britannique», a-t-il lancé dans une interview au quotidien régional français La Voix du Nord.   

Selon lui, «les Britanniques continuent d'avoir un système des années 80 qui gère l'immigration économique par l'hypocrisie : il n'y a pas de voie légale d'immigration et ils acceptent une immigration clandestine sous-payée». Emmanuel Macron s'est engagé à «accroître la pression» pour que Londres articule «des besoins en termes d'économie» et rouvre «une voie de demande légale d'asile». 

Les traversées illégales de la Manche sont devenues un casse-tête politique pour le gouvernement du Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a fait de la lutte contre l'immigration son cheval de bataille dans la foulée du Brexit. Un projet de loi controversé, qui promet des mesures plus sévères contre les passeurs, mais aussi contre les arrivées illégales, est en cours d'examen au Parlement. Interrogée sur l'éventualité de permettre aux migrants de demander l'asile sur le continent européen, avant de gagner le Royaume-Uni, Priti Patel a estimé que ce n'était «pas viable» car «cela n'arrêterait pas les gens qui font cette dangereuse traversée», tout en attirant encore plus de migrants vers la France.

Les policiers français ont pour ordre de ne pas intervenir face aux menaces des migrants dans la Manche

Les tensions se sont multipliées ces derniers mois entre Paris et Londres sur cette question. En novembre dernier, Gérald Darmanin avait expliqué avoir donné la consigne aux forces de l'ordre de ne pas intervenir dans la Manche. «Nous ne pouvons pas mettre en danger la vie d’enfants, de vieillards, qui sont basculés parfois dans la mer – c’est un constat que malheureusement les policiers français font depuis de nombreuses années – parce que les gens ont envie d’aller en Grande-Bretagne», s'est-il ainsi défendu.

Intervenant le 29 novembre au micro de BFMTV/RMC, le ministre de l'Intérieur avait fustigé l'attitude britannique sur ce sujet épineux, dans un contexte diplomatique très tendu entre Paris et Londres. Il a notamment souligné qu'une partie du problème était l'absence «de voie légale pour les immigrés allant en Grande-Bretagne» et qu'à ce titre, il faudrait que les Britanniques «changent leur législation, qu'ils prennent leurs responsabilités».