«Ils vont se battre» : c'est par ces mots que l'écrivain Bernard-Henri Lévy a évoqué l'armée ukrainienne et les tensions qui règnent actuellement avec la Russie, lors d'une intervention sur Fox News le 27 janvier.
«Si [Vladimir] Poutine décide d'envahir, ce sera [une guerre] vraiment sanglante et sale», a-t-il poursuivi, affirmant que «les Ukrainiens, aujourd'hui, sont aptes à se battre, aptes à se défendre. J'ai vu leurs tranchées, j'ai vu leurs armes. Ils n'ont pas les moyens de vaincre, mais ils ont de quoi se défendre eux-mêmes».
Interrogé sur la lassitude qu'ont pu générer dans l'opinion les récents conflits armés, en particulier l'Afghanistan pour les Etats-Unis, le réalisateur d'Une autre idée du monde est resté ferme : «Nous n'avons pas le choix, nous ne vivons pas dans un monde d'anges», a-t-il souligné. Bernard-Henri Lévy a avancé dans la foulée que si les Etats-Unis n'affirmaient pas leur présence en Ukraine, cela pourrait avoir des répercussions sur la situation à Taïwan.
Plus encore, l'écrivain croit qu'une attitude passive de la part des Américains pourrait bouleverser l'ordre mondial : «Nous vivrons dans un autre monde, dominé par les Chinois, dominé par les Russes. [...] Si nous voulons la paix, nous devons accepter la guerre froide», a-t-il assuré.
Des appels aux armes réguliers
Figurant parmi les initiateurs du mouvement des «nouveaux philosophes» dans les années 1970, Bernard-Henri Lévy n'en est pas à son premier appel en faveur d'un conflit armé.
Dès 1999, il avait apporté son soutien à une campagne de bombardements de l'OTAN en Yougoslavie, contre des cibles serbes.
En 2011, il exhorte la France à déclarer la guerre à la Libye, intervention présentée comme «humanitaire» sur la foi de prétendus bombardements de la population civile par l'armée de l'air libyenne, bombardements dont l'existence a été très largement remise en cause depuis. Des conflits ayant fait plusieurs dizaines de milliers de morts, y compris parmi les populations civiles.
Dix ans plus tard, le media Blast, fondé par le journaliste d'investigation Denis Robert, publie un document présenté comme un «ordre de paiement» d'un montant de 9,1 millions d'euros à destination du philosophe, adressé en octobre 2011 au directeur de la trésorerie du Qatar par Yousef Hussain Kamal Al-Emadi, alors ministre de l’Economie et des Finances de l’émirat et président de la Qatar National Bank (QNB). Dénonçant un «faux grossier», Bernard-Henri Lévy poursuit alors Denis Robert en diffamation. Le mercredi 22 septembre, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris déboute le philosophe. L'affaire est aujourd'hui en appel.
Prisme anti-russe
Parmi les autres faits d'armes de BHL, on dénombre notamment ses harangues à la foule sur la place Maïdan à Kiev le 2 mars 2014, apportant son soutien au coup d'Etat qui avait renversé quelques jours plus tôt l’ancien président Viktor Ianoukovitch. Ou sa rencontre avec l'opposante biélorusse Svetlana Tikhanovskaia en août 2020, au plus fort du mouvement de contestation ayant suivi la réélection d'Alexandre Loukachenko à la présidence. Confirmant une certaine prédilection, pour ne pas dire une obsession, envers tous les sujets qu'il estime comme touchant de près ou de loin la Russie.
Ses prises de position très partisanes et ses inclinaisons volontiers guerrières ne lui ont pas valu que des amis. Le Monde diplomatique a notamment consacré un large dossier, désormais en libre accès, pour dénoncer son «imposture». Mais Bernard-Henri Lévy n'en a cure : il persiste et signe.