Vendredi 14 janvier
A propos des conséquences de la livraison d'armes occidentales à Kiev, le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré lors de sa conférence de presse de ce 14 janvier : «Nous comprenons que tout ce que fait l’Occident en termes de livraisons d’armes aux autorités [ukrainiennes actuelles] crée chez elles une tentation supplémentaire de recourir à la force pour résoudre les problèmes dans l’est de l’Ukraine. Et ceci est totalement inacceptable pour nous, pour des raisons compréhensibles.»
«En passant, à propos des instructeurs, prétendument des instructeurs y travailleraient», a-t-il ajouté, avant de détailler : «L’Occident, quand nous attirons l’attention là-dessus, nous dit toujours que ce ne sont que des instructeurs, qu’ils ne participent pas aux hostilités. Je me souviens très bien d’une image à la télévision pendant la guerre en Géorgie en août 2008, lorsque des instructeurs en uniforme d’officiers de l’armée américaine – blancs, afro-américains – donnaient des instructions pratiques sur la manière de charger des armes antichars et autres. Je ne veux pas que cela se reproduise en Ukraine parce que cela reviendra à franchir toutes les lignes rouges possibles. Ce sera un affrontement direct entre les Russes citoyens de l’Ukraine et les militaires de l’OTAN.»
Pour la Russie «il est absolument inacceptable que l’OTAN se retrouve à nos frontières, en plus étant donné le cap mené par les responsables ukrainiens précédents et actuels, malheureusement. De plus, ce sont de véritables lignes rouges, et ils le savent», a souligné le chef de la diplomatie russe.
Sergueï Lavrov a ensuite désigné une autre ligne rouge pour Moscou : «Même si l’Ukraine reste hors de l’OTAN, il peut y avoir des accords bilatéraux avec les Américains, les Britanniques, d’autres pays occidentaux qui installent des sites militaires, des bases dans la mer d’Azov. Ceci n’est pas acceptable non plus parce que le déploiement sur le territoire de nos voisins, en particulier de l’Ukraine, d’armements offensifs qui représenteront une menace pour la Fédération de Russie, c’est encore une ligne rouge.»
Evoquant la possibilité de nouvelles sanctions antirusses, Sergueï Lavrov souligne : «[Selon certains,] si la Russie ne retire pas demain ou après-demain les troupes de son propre territoire à la frontière avec l'Ukraine, alors il est nécessaire d'introduire des sanctions sans attendre une quelconque attaque. Si nous avions de quelconques illusions, sur les sept dernières années, elles se seraient toutes évanouies.»
«Nous regrettons que l'Union européenne elle-même – il y a déjà sept ans et demi – ait détruit tous les mécanismes, y compris ceux qui permettent de discuter des aspects pratiques afin d’assurer la sécurité», a déclaré Sergueï Lavrov. Et de poursuivre : «Et maintenant, nous nous sommes adressés aux Etats-Unis et à l'OTAN... Avec l'OTAN, nous avons encore, au moins sur le papier, le conseil Russie-OTAN. Cette structure existe, et personne n'a détruit l'Acte fondateur. Alors que dans le cas de l'Union européenne, tous les canaux de communication ont été bouchés par nos collègues européens.»
Selon Sergueï Lavrov, la Russie s'attend à ce que l'OTAN, dans les mois à venir, renforce sa présence à proximité des frontières russes, sous prétexte de la situation en Ukraine.
Le ministre russe des Affaires étrangères revient sur les propositions de Moscou en matière de sécurité transmises à Washington (qui comprennent l'arrêt de l'extension de l'OTAN et la limitation des déploiements militaires aux frontières de la Russie) qui ont fait l'objet de récentes discussions avec les pays occidentaux.
«Nous avons besoin de garanties juridiquement contraignantes» sur ce sujet, a estimé Sergueï Lavrov, justifiant cette position : «Les promesses orales n'ont jamais été tenues par nos partenaires occidentaux».
Expliquant que Moscou attend la réponse occidentale aux propositions russes, le ministre ajoute : «Nous devons nous préparer à n'importe quel scénario.»
Sergueï Lavrov estime que l'Occident, en particulier les Etats-Unis, tente de «réidéologiser» les relations internationales, comme l'a montré la tenue du «Sommet pour la démocratie» de Joe Biden.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov tient une conférence de presse ce 14 janvier depuis Moscou. Il fait le point sur l'année écoulée en matière de diplomatie.
Cette prise de parole coïncide avec la fin, la veille, d'une série de réunions entre des représentants de la diplomatie russe et des responsables du gouvernement américain, de l'OTAN et d'organisations internationales. Mi-décembre, la Russie avait soumis à Washington une série de propositions de garanties de sécurité mutuelle parmi lesquelles figurent notamment l'arrêt de l'extension de l'OTAN et la limitation des déploiements militaires aux frontières de la Russie.