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Lier Nord Stream 2 au dossier ukrainien ? Le gouvernement allemand divisé sur la question

Pour la ministre allemande de la Défense (SPD), le projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne doit être tenu à l'écart du dossier ukrainien. Un avis que ne partagent pas ses collègues écologistes au gouvernement.

Lier le projet de gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 au dossier géopolitique ukrainien ? Le gouvernement allemand, qui réunit des socio-démocrates (SPD) des libéraux-démocrates (FDP) et des écologistes (Alliance 90/Les Verts), ne parvient pas à parler d'une seule voix sur la question.

«Nous ne devrions pas entraîner [Nord Stream 2] dans ce conflit», a déclaré ce 13 janvier la ministre allemande de la Défense (SPD) Christine Lambrecht au micro de la radio RBB, en référence aux tensions entre l'Occident et la Russie autour de l'Ukraine, qui se sont intensifiées au cours des derniers mois. «Nous devons résoudre ce conflit, et nous devons le résoudre dans des pourparlers – c'est l'opportunité que nous avons en ce moment – [...] plutôt que de tisser un lien avec des projets qui n'ont aucun rapport avec ce conflit», a poursuivi la membre du gouvernement, selon des propos cités par l'AFP. 

Or, sa collègue aux Affaires étrangères, l'écologiste Annalena Baerbock, avait déclaré le 12 décembre que le fameux gazoduc ne serait pas autorisé à fonctionner en cas d'«escalade» en Ukraine – une position qui, selon la même source, est partagée par le ministre de l’Economie et du Climat Robert Habeck, issu lui aussi d'Alliance 90/Les Verts. (SPF), 

Quant au chancelier Olaf Scholz lui-même, il avait tenu des propos ambigus sur le sujet, menaçant de conséquences sur Nord Stream 2 en cas d'agression russe de l'Ukraine... avant de déclarer que le projet de gazoduc était un projet purement «privé».

Actuellement, Nord Stream 2 est dans l'attente de sa certification par le régulateur allemand de l'énergie. Une attente survenant dans un contexte de vives tensions entre l'Occident et la Russie : Washington, Kiev et certains de leurs alliés accusent la Russie d'envisager une invasion de l'Ukraine, ce que Moscou dément formellement. Afin de réduire ces tensions sur le continent européen, la Russie a quant à elle remis mi-décembre aux Etats-Unis et à l'OTAN des projets d'accords comprenant comme proposition principale un engagement de l'Alliance atlantique à ne pas s'étendre davantage à l'est – des propositions que n'ont pas acceptées, à ce jour, les Occidentaux.