Les négociations pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien ont repris à Vienne ce 27 décembre pour un huitième cycle, avec comme priorité pour la République islamique la levée des sanctions américaines et des «garanties» que Washington réintègre le pacte.
Après cinq mois d'interruption, les négociations pour sauver l'accord conclu en 2015 avaient repris fin novembre entre les pays toujours parties à l'accord (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Iran et Russie). L'enjeu est de faire revenir dans le pacte les Etats-Unis, qui l'avaient quitté en 2018 avant de rétablir des sanctions contre l'Iran. Les Etats-Unis participent aux négociations de manière indirecte, Téhéran refusant des discussions directes avec Washington.
Aujourd'hui, un nouveau cycle de pourparlers s'ouvre. La question des garanties et de la vérification [de la levée des sanctions américaines si Washington réintégrait l'accord] sont à l'ordre du jour», a déclaré le 27 décembre le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, cité par l'agence de presse officielle IRNA.
Téhéran refuse de «perdre du temps et de l'énergie».
L'accord de 2015 offrait à Téhéran la levée d'une partie des sanctions étouffant son économie en échange d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous strict contrôle de l'ONU.
Cet accord est aujourd'hui moribond depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis et le rétablissement de sanctions économiques affectant plusieurs secteurs économiques du pays, dont l'exportation de pétrole. En riposte, Téhéran est ensuite revenu progressivement sur la plupart de ses engagements.
«La chose la plus importante pour nous est d'atteindre un point où nous pouvons nous assurer que le pétrole iranien sera vendu facilement et sans aucune limite, que l'argent de ce pétrole sera transféré en devises étrangères sur des comptes bancaires iraniens et que nous pourrons bénéficier de tous les revenus des différents secteurs économiques», a rappelé Hossein Amir-Abdollahian. «Nous sommes parvenus à un document commun sur la question nucléaire et sur les sanctions. Aujourd'hui, les premières négociations [à ce sujet] vont commencer», a-t-il ajouté.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, a «conseillé à tous les participants aux négociations de venir à Vienne avec la volonté d'obtenir un bon accord», soulignant le refus de Téhéran de «perdre du temps et de l'énergie». Il a rappelé que la délégation iranienne allait se «concentrer sur deux documents : la levée des sanctions et l’activité nucléaire».
Les Européens estiment que «le temps est compté» pour trouver un accord
Washington avait déjà mis en garde Téhéran contre des discussions qui traîneraient en longueur, sans pour autant fixer d'ultimatum pour l'instant. Il ne reste plus que «quelques semaines» pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien si Téhéran continue à développer ses activités atomiques au rythme actuel, a prévenu la semaine dernière le négociateur américain Rob Malley, mettant en garde contre une «crise» en cas d'échec de la diplomatie.
Même ton du côté de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni (E3). «Le temps est compté. A défaut de progrès rapides, au vu de l'avance rapide du programme nucléaire iranien, l'accord deviendra très prochainement une coquille vide», ont averti d'une seule voix des hauts responsables sur fond de frustration. Le 23 décembre, le coordinateur de l'Union européenne, Enrique Mora, a estimé qu'«il était important d'accélérer le rythme sur les questions clés en suspens [...], en travaillant étroitement avec les États-Unis».
Dans une déclaration le 25 décembre à l'agence de presse russe RIA Novosti, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Mohammad Eslami a annoncé que son pays n'avait pas l'intention d'enrichir de l'uranium au-delà de 60% en cas d'échec des négociations sur son programme nucléaire. «Nos objectifs en matière d'enrichissement d'uranium sont de répondre à nos besoins industriels, de production [et à ceux] du peuple iranien», a-t-il dit.
L'ambassadeur russe auprès de l'ONU à Vienne, Mikhaïl Oulianov, a qualifié cette déclaration de «message positif».