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Afghanistan : les femmes interdites de trajets de plus de 72 km sans accompagnant masculin

Les femmes voyageant plus de 72 kilomètres «ne peuvent pas faire le trajet si elles ne sont pas accompagnées par un membre proche de la famille», a décidé le ministère afghan de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice.

De nouvelles restrictions pour les femmes en Afghanistan, qui mettent un peu plus à mal les promesses des Taliban lors de leur prise de pouvoir en août. Ceux-ci ont en effet annoncé ce 26 décembre que les femmes désirant voyager sur de longues distances devraient désormais être accompagnées par un homme de leur famille proche.

La recommandation, publiée par le ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice, appelle également les conducteurs à n'accepter des femmes à bord de leur véhicule que si elles portent le «voile islamique». «Les femmes voyageant plus de 45 miles [72 kilomètres] ne peuvent pas faire le trajet si elles ne sont pas accompagnées par un membre proche de la famille», a déclaré le porte-parole du ministère Sadeq Akif Muhajir, précisant que l'accompagnant devait être un homme.

Cette directive arrive quelques semaines après la demande du ministère aux télévisions afghanes de ne plus diffuser de «feuilletons et séries à l'eau de rose dans lesquels des femmes» jouent, et de faire en sorte que les femmes journalistes portent «le voile islamique» à l'écran. Les Taliban ne précisent pas ce qu'ils entendent par «voile islamique», s'il s'agit d'un simple foulard, déjà porté par la majorité des femmes afghanes, ou d'un voile plus couvrant.

Des concessions toujours espérées

Depuis leur arrivée au pouvoir en août, ils ont imposé diverses restrictions aux femmes et aux filles, en dépit de promesses initiales selon lesquelles ils serait moins strict que durant leur premier règne (1996-2001). Dans plusieurs provinces, les autorités locales ont accepté de rouvrir les écoles aux filles, même si beaucoup d'entre elles ne peuvent toujours pas y aller. Plus tôt en décembre, un décret au nom du leader suprême a demandé au gouvernement de faire appliquer les droits des femmes mais ce décret n'évoquait pas le droit à l'éducation.

Les activistes espèrent que les efforts des Taliban pour être reconnus par la communauté internationale et recevoir à nouveau l'aide indispensable au pays les amènera à faire des concessions. A la fin des années 1990, les Taliban avaient rendu obligatoire aux femmes le port de la burqa. Elles ne pouvaient quitter leur domicile qu'accompagnées par un homme et n'avaient pas le droit de travailler et d'étudier.