«Nous avons décidé avec le président de la République qu'un projet de loi sera soumis au Parlement début janvier notamment pour transformer le pass sanitaire en pass vaccinal» : c'est l'une des annonces du Premier ministre français Jean Castex, le soir du 17 décembre, dans un contexte d'aggravation de la situation sanitaire notamment liée au variant Omicron. Selon l'AFP, pour entrer dans les lieux soumis à ce futur pass (restaurants, lieux de culture, de loisirs...), un test négatif ne suffira plus : il faudra forcément avoir été vacciné (ou guéri du Covid-19) et avoir reçu une dose de rappel.
Si la mesure soulève d'ores-et-déjà un tollé en France, celle-ci ne fait pas exception en la matière : des Etats de par le monde ont déjà adopté un pass ne pouvant être activité qu'avec un schéma vaccinal complet. En voici un certain nombre.
Des déclinaisons variées de pass vaccinal en Europe
Sur le Vieux continent, plusieurs cas sont déjà de mise. Ainsi en Estonie, il convient de disposer d'une attestation de vaccination ou d'un certificat de rétablissement du Covid-19 – en d'autres termes, d'un pass vaccinal – pour accéder «à certaines activités (sport, musées, cinémas, etc.) et lieux (restaurants, cafés, etc.)», selon le site de l'ambassade française à Tallin. Autre pays balte, la Lettonie limite l'entrée des lieux culturels et de restauration aux personnes vaccinées, d'après une source similaire.
Une preuve de vaccination ou de rétablissement du Covid-19 est également de rigueur pour s'installer dans des cafés, bars, restaurants, cinémas et théâtres en Irlande, selon une publication du site partenaire des institutions européennes et françaises Toute l'Europe, datant du 9 décembre.
A Malte, d'après le site de l'ambassade française dans ce pays, un «certificat de vaccination» est requis pour accéder aux spectacles culturels et artistiques, aux «événements d’entreprise» ou encore aux événements sportifs. De plus, les bars et restaurants peuvent «restreindre l’accès aux personnes vaccinées» et il convient d'être «totalement vacciné» pour pouvoir enlever le masque dans les espaces publics ouverts.
En République tchèque, selon la diplomatie française, l'«accès aux hôtels, restaurants, cafés, bars, clubs, théâtres, salles de spectacle, cinémas, etc. [est] conditionné par une attestation de vaccination (schéma vaccinal complet depuis au moins 14 jours) ou un certificat de rétablissement de moins de six mois» – les tests de dépistage ne sont donc pas suffisants, hormis pour certaines catégories de la population, dont les moins de 18 ans.
De même en Suisse , rapporte l'AFP, seules les personnes vaccinées ou guéries auront accès à l'intérieur des restaurants, des établissements culturels et des installations de sport et de loisirs, à partir de ce 20 décembre.
En Autriche, un équivalent du pass vaccinal appelé «2G » («geimpft, genesen», soit «vacciné, rétabli») permet... de ne pas être soumis au confinement. En effet, les personnes ne possédant pas ce sésame ne peuvent quitter leur domicile que sous certaines conditions (travail, formation, achat de biens de première nécessité...).
Pass vaccinaux régionaux ou réduits à de rares espaces
Des combinaisons de pass vaccinal et de pass sanitaire existent également : en Grèce, par exemple, un résultat PCR ou antigénique peut suffire pour accéder à certains lieux (services publics, banques, restaurants, cafés...), tandis que d'autres endroits ne sont accessibles qu'avec une preuve de vaccination ou de rétablissement du Covid (les espaces dits «Covid-free» de cinémas, musées ou encore de salles de sport).
Dans la même veine, en Suède, les organisateurs d'événements en intérieur de plus de 100 personnes peuvent imposer à leurs clients un pass vaccinal, afin d'être exempt de certaines restrictions.
Enfin, il existe des pass vaccinaux à l'échelle régionale. En Allemagne par exemple, selon Toute l'Europe, «ce sont les situations épidémiques locales qui déterminent le type de pass utilisé» : un pass vaccinal est imposé dans divers types d'établissements au sein d'un Land, au-delà d'un certain seuil régional d’hospitalisation.
Hors de l'Europe : Canada, Pérou, Maroc...
Hors de l'Europe aussi, des Etats ont mis en place des passeports vaccinaux.
Au Canada, «une preuve de vaccination est exigée pour obtenir de nombreux services», rapportent les autorités, évoquant l'accès aux restaurants et aux événements sportifs. Comme en Allemagne, des spécificités locales sont de mise, rendant la définition de ce «pass» plus ou moins étroite : «Chaque province et territoire décide des types de preuves acceptés dans différentes situations».
Dans le sud du continent américain, on retrouve un pass vaccinal au Pérou : d'après l'AFP, les centres commerciaux, banques, supermarchés ou encore restaurants ont commencé le 10 décembre à exiger un certificat de vaccination.
Le Maroc a lui aussi instauré un pass vaccinal fin octobre. «Une première en Afrique», rapportait notamment le journal La Croix. Ce document, qui ne pouvait pas être obtenu avec un simple test de dépistage, était requis pour accéder aux commerces, aux administrations, aux espaces publics fermés ou encore pour se déplacer entre les provinces du royaume. Or, selon France Info, ce pass vaccinal est devenu mi-novembre un pass sanitaire (le cheminement inverse de celui emprunté en France, donc) à la suite de recommandations du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). Celui-ci avait interpellé le gouvernement, en raison de plaintes de citoyens non-vaccinés qui étaient privés d’accès aux moyens de transports, aux magasins et aux administrations. Le pass vaccinal marocain, de fait, avait soulevé des manifestations à travers le royaume, comme nous l'avions relevé.
Enfin, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a fait part en septembre dernier de son intention d'introduire «un système de "passeports vaccinaux" qui pourront être utilisés comme preuve de vaccination à diverses fins et lors de divers événements», selon Le Monde. Un pass dont la définition exacte restait toutefois à définir.