La traduction est un art subtil dans lequel une petite approximation peut avoir de lourdes conséquences. Ce 13 décembre, la presse française – à l'instar du Figaro, de Cnews, du Parisien ou encore.... de RT France – a ainsi révélé de concert que le «premier décès dû au variant Omicron» avait été detecté au Royaume-Uni. Une affirmation qui reprend le titre d'une dépeche de l'Agence France Presse, et qui se basait sur une interview du Premier ministre britannique Boris Johnson donnée le même jour.
Dans sa première dépêche, l'AFP avait traduit ainsi les propos du chef du gouvernement : «Malheureusement, Omicron génère des hospitalisations et il a été confirmé qu'au moins un patient est décédé [des suites d'une contamination] au variant Omicron.» Les termes entre crochet ne sont pas employés par le Premier ministre britannique mais découlent d'une interprétation du journaliste. Dans une seconde dépêche, ces termes entre crochet ont d'ailleurs disparu, donnant la phrase suivante : «Malheureusement, Omicron génère des hospitalisations et il a été confirmé qu'au moins un patient est décédé d'Omicron.»
Pourtant, à écouter la déclaration du Premier ministre – et à lire la presse britannique – cette traduction est inexacte. «At least one patient has been confirmed to have died with omicron», a en effet déclaré verbatim Boris Johnson, ce qui se traduit littéralement par «il a été confirmé qu'au moins un patient est décédé avec Omicron». Aussi minime puisse-t-elle paraître, la différence est pourtant de taille puisqu'il n'est pas question de causalité dans les propos du Premier ministre. En l'état, il est donc incorrect de qualifier ce mort de «premier décès dû au variant Omicron» en se basant sur la déclaration de chef du gouvernement britannique.
Remarquant cette inexactitude, nous avons modifié en conséquence notre papier. Contacté par nos soins, l'AFP nous a affirmé prendre en considération l'information, mais n'a pas émis de correctif à l'heure actuelle.