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Erdogan : «L'Europe ne doit pas devenir un camp de concentration pour les 35 millions de musulmans»

Lors d'un discours prononcé à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan a estimé que la «montée de l'islamophobie» était particulièrement inquiétante en Europe. Les musulmans risqueraient d'y vivre une situation comparable à celle d'un «camp de concentration».

Habitué aux sorties polémiques, le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, s'est livré à une nouvelle déclaration au vitriol, déclarant que l'Europe ne devait pas devenir un «camp de concentration pour les 35 millions de musulmans» qui y vivraient, rapporte l'agence Anadolu. Le chef d'Etat a tenu ces propos le 10 décembre, à l'occasion de la cérémonie d’ouverture de la 16e conférence de l’Union des parlements des Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique (ISIPAB), qui se tient à Istanbul.

A la fin d'un discours dans lequel Erdogan souhaitait souligner les défis majeurs auxquels sont confrontés les pays musulmans, il a abordé la recrudescence, selon lui, des discours de haine contre les musulmans partout dans le monde. «En tant que musulmans, nous ne luttons pas seulement contre le coronavirus ou les crises humanitaires, nous combattons aussi la montée de l'islamophobie», a-t-il dit, affirmant que le phénomène est particulièrement inquiétant en Europe. «Nous ne pouvons permettre que l'Europe, qui compte 35 millions de musulmans de toutes origines, devienne un camp de concentration pour nos frères et sœurs», a-t-il mis en garde. Le 9 décembre, l'agence Anadolu avait déjà rapporté les propos du président du parlement turc, Mustafa Sentop, qui a proposé la création d’un comité au sein de l'ISIPAB pour surveiller les «droits de l’homme dans les pays qui accueillent des minorités musulmanes».

Le président turc a par ailleurs estimé que la cause palestinienne demeurait en tête des préoccupations des musulmans : «Jérusalem est la cause commune de l’ensemble du monde islamique», a-t-il affirmé, condamnant avec fermeté la politique d'Israël envers les Palestiniens. «Faire payer aux Palestiniens le prix du génocide commis par les Européens contre les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale est une profonde injustice», a-t-il fustigé.

Les pays occidentaux ont également eu droit à une volée de bois vert à propos de la Syrie, dossier au centre de l'attention d'Ankara en raison notamment de ses répercussions migratoires. Erdogan a souligné à nouveau que le «poids des migrants et des réfugiés» était «principalement porté par les pays voisins de la région, comme la Turquie, qui accueille des millions de réfugiés». Un rôle assumé, «contrairement aux pays occidentaux», qui selon lui «en parlent plus qu’autre chose». Erdogan a également dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur d’une solution à la crise syrienne.

Le président turc entretient des relations tendues avec ses homologues européens, déjà accusés par le passé de poursuivre des «pratiques nazies». Fin 2019, il avait aussi déclaré qu'Emmanuel Macron était en «état de mort cérébrale», puis avait appelé au boycott des produits français en 2020. En juillet 2021, la présidence turque avait dénoncé la décision de la Cour de justice de l'Union européenne d'autoriser les employeurs à interdire le port du voile sur le lieu de travail, y voyant «une tentative d'accorder une légitimité au racisme».