Les dirigeants des partis de la droite radicale européenne ont dressé le 4 décembre à Varsovie les contours d'une coordination de leurs votes au Parlement européen, sans toutefois aboutir à une véritable alliance.
Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, Marine Le Pen, candidate du RN à la présidentielle française, et Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et Justice au pouvoir en Pologne, étaient notamment présents. Ils ont signé à l’issue de leur rencontre une déclaration commune exprimant leur franche opposition à «une Europe gouvernée par une élite autoproclamée», et souligné que «seules les institutions souveraines des Etats avaient une pleine légitimité démocratique». Il a enfin été question «d’une coopération plus étroite au Parlement européen».
Une telle «coopération» induirait «l’organisation de réunion conjointes et l’alignement des votes sur des questions communes, telles que la protection de la souveraineté des Etats membres et la position sur l’immigration illégale», d’après la déclaration conjointe.
Les partis de la droite radicale européenne ne sont en effet pas réunis au sein d’un même groupe au Parlement européen. Le Rassemblement national (RN) et la Ligue ont ainsi constitué le groupe Identité et Démocratie (ID), tandis que Droit et Justice, Vox et Fratelli d’Italia appartiennent au groupe Conservateurs et réformistes européens (CRE). Quant au Fidesz hongrois, qui a quitté le Parti populaire européen (PPE), il est toujours à la recherche d’autres partenaires.
Marine Le Pen souhaite contrecarrer «l'objectif fédéraliste» de l'Allemagne
Marine Le Pen s’est pour sa part déclarée «très heureuse du résultat de cette réunion [et] également de l'engagement de réunions régulières, afin d'obtenir des votes communs entre les deux groupes sur des sujets qui sont des sujets importants au Parlement européen». «C'est une avancée qui me va très bien et qui permet d'être très optimiste pour la suite», a-t-elle poursuivi. Sur Twitter, elle s'est félicitée d'avoir contribué à «[poser] les jalons du grand rassemblement des forces patriotes européennes».
La candidate du RN à l'élection présidentielle est allée jusqu'à caresser l’espoir qu’un groupe commun serait créé à terme, estimant que ceci était «d’autant plus nécessaire que nous sommes confrontés à une coalition allemande qui fait de l'objectif fédéraliste une priorité, mais qui également très certainement va contribuer à aggraver la pression migratoire sur nos pays respectifs».
Une opinion toutefois contrebalancée par Tomasz Poreba, député européen du Droit et Justice. Ce dernier a en effet assuré sans détour qu’un tel projet n’était pas «actuellement à l’ordre du jour».
Outre Marine Le Pen, la déclaration commune compte parmi ses signataires Matteo Salvini (Ligue), bien qu’absent à Varsovie, Viktor Orban, Santiago Abascal (Vox), et Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia).
Le 3 décembre, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a qualifié la conférence de «tournant dans l'histoire de l'Europe, de l'Union européenne, des Etats membres souverains de l’UE».
«Soit […] ensemble nous mettrons un barrage à l'usurpation qui concentre le pouvoir entre les mains des élites européennes […], soit nous serons confrontés à l'extension des compétences [des institutions européennes] et à la contraction de ce qui est l'une des les meilleures inventions de l'humanité, c'est-à-dire des Etats souverains», a-t-il estimé lors d'une réunion d'experts.
Une prochaine réunion devrait être organisée en Espagne, selon l'annonce faite par Santiago Abascal sur son compte Twitter.