A l'issue d'un Conseil des ministres qui s'est tenu le 24 novembre, Mario Draghi a annoncé le durcissement des restrictions sanitaires, notamment une accélération de la dose de rappel du vaccin et des restrictions pour les non-vaccinés, créant ainsi le «super green pass» appelé de ses vœux par une partie de la classe politique italienne. Une décision attendue, comme l'a reconnu le président du Conseil italien lui-même au début de la conférence de presse qui s'est tenue à l'issue de la réunion.
«La situation est sous contrôle, nous sommes dans l'une des meilleures situations d'Europe grâce à la campagne vaccinale qui a connu un succès remarquable. Je remercie les citoyens qui l'ont rejoint avec une grande participation», a ainsi souligné le chef du gouvernement italien dans un premier temps. Il a ensuite nuancé son propos en affirmant que «cette situation est en légère mais constante détérioration».
Le green pass sera obligatoire pour se rendre dans n'importe quel lieu accueillant du public, même les transports locaux
Le gouvernement a ainsi décidé que les personnes non-vaccinées ne pourraient plus avoir accès aux restaurants, bars, cinémas, théâtres, discothèques et salles de musculation. Seules les personnes vaccinées et celles guéries depuis moins de six mois pourront y accéder, tandis que celles qui jusqu'à présent étaient autorisées à y entrer en montrant simplement un test négatif ne pourront plus le faire.
Le journal italien La Repubblica a plus longuement détaillé les nouveautés introduites par le décret. Pour les touristes, il sera également nécessaire de présenter le pass sanitaire. Cela affectera notamment le secteur hôtelier : les hôtels et les hébergements étaient en effet restés ouverts à tous mais désormais, en s'adaptant à ce qui se passe dans le reste de l'Europe, tous les clients devront disposer du green pass. Si celui de base suffira, délivré sur le résultat d'un test négatif, il ne sera néanmoins valable que 24 ou 48 heures. En cas de séjour prolongé, les hôtes non-vaccinés devront donc refaire un test à la date d'expiration. En conséquence, les responsables des établissements devront vérifier à chaque entrée la validité du pass sanitaire de leurs clients.
Dans le milieu de la restauration, l'accès sera aussi conditionné au «super green pass», avec quelques exceptions néanmoins. Selon La Repubblica, il devrait toujours être possible de fréquenter les lieux en plein air ou d'entrer dans un bar pour prendre rapidement un verre debout au comptoir ou encore pour acheter des plats ou des boissons à emporter.
Autre nouveauté du décret qui va se répercuter de façon radicale sur la mobilité des Italiens : à partir du 6 décembre, le green pass de base ne sera plus nécessaire uniquement pour prendre un avion, un train à grande vitesse, un bus ou un bateau reliant plus de deux régions, mais aussi pour tous les modes de transports régionaux et interrégionaux et les transports publics locaux.
Ces mesures entreront en vigueur à partir du 6 décembre et seront valables jusqu'au 15 janvier, sauf aggravation de la situation.
L'obligation vaccinale étendue aux agents administratifs, forces de l'ordre et militaires
Par ailleurs, depuis le 24 novembre, tous les Italiens de plus de 40 ans peuvent recevoir la dose de rappel cinq mois après la seconde dose, le ministère de la Santé ayant décidé de raccourcir le délai de six mois initialement prévu. Les plus de 18 ans pourront obtenir cette troisième dose à partir du 1er décembre, a précisé le ministre de la Santé Roberto Speranza. Cette troisième dose sera obligatoire à partir du 15 décembre pour tout le personnel sanitaire. La validité du pass sanitaire italien pour les personnes guéries du Covid a également été portée à 9 mois, à compter du premier écouvillon positif.
L'obligation de vaccination, jusqu'à présent valable pour le personnel sanitaire et enseignant, sera étendue au personnel administratif de ces deux secteurs, ainsi qu'à tous les membres des forces de l'ordre et aux militaires.
Le gouvernement italien a donc suivi les doléances exprimées par les présidents de région lors d'une réunion qui s'était tenue le 22 novembre. Ces derniers réclamaient notamment ces mesures afin de préserver l'activité économique de tout confinement, sans se cacher de vouloir discriminer ouvertement les personnes non-vaccinées.
L'Italie, qui a payé un lourd tribut avec plus de 133 000 morts depuis le début de la pandémie, fait figure de bon élève en Europe avec plus de 75% de la population vaccinée. En ne prenant en compte que les plus de 12 ans, pour lesquels les vaccins actuellement disponibles sont autorisés, plus de 84% des personnes ont été complètement vaccinées et près de 87% ont reçu au moins une dose.