L’Italie dans les pas de l’Autriche et de la Slovénie ? C’est ce que semble indiquer la teneur de la réunion qui s’est tenue le 22 novembre entre l’exécutif et les présidents de régions. La ministre des Affaires régionales et des Autonomies, Maria Stella Gelmini, le ministre italien de la Santé Roberto Speranza, et le sous-secrétaire à la présidence du Conseil Roberto Garofoli, ont participé à la réunion avec les présidents de régions.
Si rien n'a encore été décidé, les régions font pression sur le gouvernement pour qu’il sanctionne plus sévèrement les personnes non-vaccinées contre le Covid-19. Récompenser les citoyens vaccinés et offrir des garanties «aux catégories productives» est le mot d’ordre qu’elles ont ainsi donné.
L’objectif invoqué par les collectivités italiennes est double : empêcher de prendre de nouvelles restrictions sanitaires qui affecteraient l’économie, mais aussi mieux contrôler l’évolution épidémique. Les régions font ainsi comprendre au gouvernement italien que les personnes vaccinées ne devraient pas payer pour l’attitude des «rebelles», comme le rapporte l’agence de presse Adnkronos.
Les régions ont demandé dans la foulée au gouvernement de revoir sa copie en matière de différenciation des collectivités qui sont aujourd’hui régies selon un code couleur correspondant à la circulation du virus et non pas la couverture vaccinale. Le président de la Ligurie, Giovanni Toti, a réclamé également d’«augmenter les contrôles aux frontières» avec les pays où la circulation commune avec la péninsule est importante.
Un pass sanitaire plus strict pour les Italiens non-vaccinés mais pas pour les Européens ?
D'après les représentants régionaux cités par Adnkronos l’exécutif réfléchirait effectivement «à l’adoption du super green pass, ou tout du moins la possibilité d’une voie privilégiée pour les vaccinés». Concrètement, il s’agirait de réserver l’accès aux lieux accueillant du public pour des activités de loisir (cinémas, restaurants, etc.) aux seules personnes vaccinées ou guéries du Covid-19 grâce à cette nouvelle mouture du pass sanitaire.
Ce pass sanitaire plus strict permettrait par exemple au Haut-Adige de revoir ses restrictions sanitaires ; actuellement, un couvre-feu est en place dans cette région et les discothèques sont fermées. Plus généralement il permettrait d’alléger les restrictions en cas de passage en zone jaune et orange pour les personnes vaccinées. Pour le président du Val d'Aoste, Erik Lavevaz, il faudrait en effet surtout «protéger la saison touristique d’hiver».
Un hiatus demeure toutefois : la compatibilité d'un tel «super green pass» avec le pass sanitaire des autres pays européens qui, lui, permet de circuler librement avec un simple test. Cela pourrait engendrer une inégalité de traitement où un citoyen italien ne pourrait pas entrer dans un restaurant ou un cinéma tandis qu'un Français ou un Espagnol le pourrait.
Le lieu de travail, dernier endroit où les Italiens pourront accéder sans être vaccinés ?
La position de l'exécutif a toutefois été résumée dans la soirée du 22 novembre par le sous-secrétaire à la santé, Andrea Costa, qui a refusé de qualifier une telle mesure de confinement des personnes non-vaccinées. «Je ne parlerais pas de confinement pour les non-vaccinés. Toutefois, avec l'aggravation de la situation épidémiologique et le passage en orange de certaines régions — une mesure qui prévoit déjà automatiquement une série de restrictions —, je pense que ces restrictions ne doivent pas être supportées par ceux qui sont vaccinés», a-t-il déclaré.
Il a estimé à son tour qu’«en dehors de l'accès au travail et aux besoins fondamentaux, que certaines activités telles que les restaurants, les cinémas et les théâtres devraient être réservées aux personnes vaccinées». Depuis le 15 octobre, un pass sanitaire est nécessaire pour se rendre sur son lieu de travail en Italie, ce qui a engendré de fortes résistances mais aussi une flambée d’arrêts maladies.
«Ce sont des heures délicates, dans lesquelles nous évaluons les autres choix à faire dans l'intérêt du pays dans le cadre de cette bataille encore ouverte contre le virus», s’est ainsi défendu Roberto Speranza, le ministre de la Santé. «Dans les jours à venir, la priorité sera de garder la courbe sous contrôle et d'éviter l'explosion de la contagion que nous observons dans tant d'autres pays européens», a-t-il également plaidé.
Le feu vert a également été donné pour que la troisième dose de vaccin anti-Covid puisse être effectuée dans les 5 mois suivant le premier rappel, soit un mois plus tôt que prévu initialement. Une nouvelle réunion devrait se tenir le 25 novembre pour décider des nouvelles mesures à inclure dans un éventuel décret. Les régions ont demandé à être convoquées à nouveau devant le conseil des ministres.