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«Les mots ne suffisent pas» : la Pologne en appelle à l'OTAN dans la crise migratoire

Le Premier ministre polonais a affirmé que les dirigeants de la Lettonie, de la Lituanie et lui-même envisageaient d'invoquer l'article 4 du traité de l'OTAN pour encourager l'alliance transatlantique à prendre des mesures contre la Biélorussie.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a appelé le 14 novembre l'OTAN à prendre des «mesures concrètes» face à la crise migratoire qui se déroule à la frontière avec la Biélorussie. «Les choses sont allées trop loin. Les mots ne suffisent pas pour arrêter [Minsk]. Ce qu'il faut maintenant, ce sont des mesures concrètes et l'implication de l'ensemble de l'alliance [transatlantique]», a-t-il déclaré dans une interview à l'agence polonaise PAP. 

Le Premier ministre a également révélé que les dirigeants de la Lettonie, de la Lituanie et lui-même envisageaient d'invoquer l'article 4 du traité de l'OTAN pour encourager l'alliance à prendre des mesures. Selon cet article, les membres du traité doivent organiser des consultations «chaque fois que, de l'avis de l'une d'entre elles, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique ou la sécurité de l'un des membres est menacée».

Mateusz Morawiecki a ajouté qu'il était en contact permanent avec d'autres dirigeants européens et qu'il s'était récemment entretenu avec le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Il a également déclaré que le président américain Joe Biden était au courant de ce que Mateusz Morawiecki a qualifié d'«actions provocatrices» de Minsk.

Le chef du gouvernement polonais a également souligné que de nouvelles sanctions contre la Biélorussie étaient en réflexion et seraient examinées lors du prochain sommet d'urgence du Conseil européen convoqué par la Pologne. «Nous discuterons certainement de nouvelles sanctions, y compris la fermeture complète de la frontière», a-t-il déclaré.

L'UE prépare de nouvelles sanctions contre Minsk

L'UE est en effet prête à appliquer de nouvelles sanctions contre la Biélorussie, après le premier contact à haut niveau entre Bruxelles et Minsk depuis le début de la crise migratoire. Après un entretien téléphonique avec le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, le ministre biélorusse des Affaires étrangères Vladimir Makei a néanmoins prévenu que toute sanction visant son pays serait «sans espoir» et «contre-productive».

Selon Josep Borrell, «la situation humanitaire est précaire» à la frontière polono-bélarusse : «La situation actuelle est inacceptable et doit cesser. Les gens ne doivent pas être utilisés comme armes», a-t-il dénoncé dans un tweet. 

Le représentant de l'UE a également affirmé que les ministres européens autoriseraient des sanctions contre «tous ceux qui participent au trafic de migrants vers la Biélorussie», y compris les compagnies aériennes, les agences de voyages et les fonctionnaires. «[Alexandre] Loukachenko s’est trompé. Il croyait qu’en ripostant de cette façon il allait nous tordre le bras et faire annuler les sanctions. C’est tout le contraire qui se produit», a-t-il averti le 14 novembre dans le Journal du Dimanche.

Cette crise en Europe centrale suscite des inquiétudes croissantes à l'échelle internationale et a fait l'objet le 11 novembre d'une réunion d'urgence au Conseil de sécurité des Nations unies. A l'issue de cette réunion, plusieurs pays, dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont accusé Minsk de vouloir «déstabiliser les pays voisins» et «détourner l'attention de ses propres violations croissantes des droits humains».

Minsk a dénoncé des accusations «sans fondement» et considère que la Pologne et ses alliés occidentaux font monter délibérément la tension pour prendre des sanctions à son encontre. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a alors menacé de riposter en fermant les vannes d'un important gazoduc alimentant l'Europe en gaz russe et transitant par la Biélorussie, au moment où le continent fait déjà face à des pénuries.