Les derniers préparatifs sont en cours aux Etats-Unis avant le lancement d'une mission spatiale originale : la Nasa lancera avant la fin du mois un engin spatial destiné à percuter à grande vitesse un astéroïde afin de le faire légèrement dévier de sa trajectoire.
C'est un scénario digne du film catastrophe Armageddon (1998), qui permettra de déterminer s'il est possible de protéger la Terre d'un objet spatial potentiellement dangereux. Un vaisseau d'une valeur de 330 millions de dollars appelé DART (Double Asteroid Redirection Test) – ce qui signifie «fléchette» en anglais – s'écrasera à une vitesse de 24 000 km/h sur un astéroïde géant situé à 6,8 millions de kilomètres de la Terre.
Nous ne voulons pas nous retrouver dans une position où un astéroïde se dirigerait vers la Terre, et où nous devrions tester cette technique [pour la première fois]
Cette mission fait partie d'un programme de «défense planétaire» à plus grande échelle. Le 4 novembre, le responsable du département de Défense planétaire de la Nasa Lindley Johnson s'est exprimé en ces termes lors d'une conférence de presse : «Nous ne voulons pas nous retrouver dans une position où un astéroïde se dirigerait vers la Terre, et où nous devrions tester cette technique [pour la première fois]».
Le lancement de DART est prévu le 23 novembre. L'engin se trouvera à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX qui décollera de Californie, et il devrait atteindre sa cible à la fin du mois de septembre 2022.
Un test grandeur nature pour déterminer la façon la plus efficace de dévier un astéroïde
Comme l'explique Le Parisien, la cible de DART est en fait double : d’abord l'astéroïde géant Didymos – vieux de 4,5 milliards d'années et d'un diamètre de 780 mètres – et, en orbite autour de lui, une lune de 160 mètres de diamètre dénommée Dimorphos. C’est sur cette lune que DART s'écrasera en projetant des tonnes de matière.
Nancy Chabot, du laboratoire de physique appliquée de l’université Johns Hopkins conduisant la mission en partenariat avec la Nasa, a cependant précisé que «cela ne va pas détruire l’astéroïde, cela va juste lui donner un petit coup». Ainsi, l’orbite du petit astéroïde autour de Didymos sera réduite d'«environ 1%» seulement.
C'est cette déviation que les scientifiques analyseront avec intérêt. «Si un jour un astéroïde est découvert sur une trajectoire de collision avec la Terre […] nous aurons une idée de la force dont nous aurons besoin pour que cet astéroïde manque la Terre», a expliqué Andy Cheng, lui aussi membre de l’université Johns Hopkins.
Cité par Le Parisien, Andy Cheng a prévu que l'orbite autour du Soleil du gros astéroïde sera également légèrement modifiée en raison de la relation gravitationnelle avec sa lune. Mais ce changement est «trop petit pour être mesuré». «Donc c’est une expérience très sûre», a-t-il affirmé.
Les astronomes estiment qu'il existe actuellement environ 25 000 astéroïdes géocroiseurs suffisamment gros pour provoquer d'importants dégâts s'ils percutaient la surface de la Terre. Des astéroïdes plus petits – d'un mètre environ – entrent en contact avec l'atmosphère terrestre toutes les deux semaines, tandis que des tonnes de particules de poussière et de sable bombardent la planète bleue quotidiennement.