La Cour fédérale des réclamations des Etats-Unis a rejeté le 4 novembre la plainte que Blue Origin avait déposée en août contre la NASA afin de protester contre la manière dont l'agence spatiale américaine avait choisi l'entreprise SpaceX pour la construction d'un alunisseur destiné à la prochaine expédition lunaire des Etats-Unis.
Le tribunal fédéral américain à l'origine de ce verdict met ainsi fin à des mois de bataille juridique, qui empêchait la NASA, en attendant la résolution du conflit, de travailler avec SpaceX sur cet alunisseur baptisé Starship HLS (trois lettres qui correspondent à «Human Landing System», qu'on peut traduire par «système d'atterrissage humain»), une variante du vaisseau spatial de SpaceX Starship, dont chaque phase de conception est abondamment commentée sur les réseaux sociaux.
Une victoire pour Elon Musk face à Jeff Bezos
«La NASA reprendra le travail avec SpaceX [...] dès que possible», a fait savoir l'agence américaine par voie de communiqué. Le patron de SpaceX a réagi avec légèreté à ce verdict, sur les réseaux sociaux, via un «mème» railleur implicitement adressé à la société de Jeff Bezos, sur lequel figure la phrase : «Vous avez été jugés.»
«Ce n'est pas la décision que nous voulions, mais nous respectons le jugement du tribunal et souhaitons plein succès à la NASA et à SpaceX sur le contrat», a de son côté twitté Jeff Bezos.
Blue Origin a également commenté cette décision par voie de communiqué en estimant que son initiative en justice avait permis de «mettre en évidence des problèmes de sécurité importants liés à la conception de l'alunisseur [en question]» : «Emmener des astronautes en toute sécurité sur la Lune grâce au modèle de partenariat public-privé de la NASA nécessite un processus d'approvisionnement sans discrimination, ainsi qu'une politique saine qui intègre des systèmes de secours et favorise la concurrence», a notamment écrit la société déboutée de sa demande.
Regain d'enthousiasme autour de la Lune
Le retour de l'homme sur la Lune connait ces dernières années un regain d'enthousiasme à l'échelle mondiale. En plus du programme Artemis chapeauté par les Etats-Unis, il fait par exemple l'objet d'une volonté russo-chinoise d'exploration scientifique, les deux pays ayant signé en mars 2021 un mémorandum actant le projet de mettre en place une station lunaire scientifique internationale. Les agences spatiales chinoise et russe ont d'ailleurs récemment fait savoir qu'elles avaient invité leurs partenaires à se joindre à l'initiative.
Le regain d'attention autour de l'exploration de la Lune peut en partie s'expliquer par le fait que son pôle sud, en plus de l'exposition solaire quasi permanente dont il bénéficie par endroits, pourrait renfermer sous forme de glace un volume d'eau considérable, particulièrement précieux pour la production d'énergie sur place, tant pour y ravitailler des fusées que pour l'approvisionnement en électricité de futures bases humaines.
Celles-ci pourraient un jour servir pour l'observation de l'espace profond ou encore comme base de lancement à de futurs vols interplanétaires.
Fabien Rives