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Depuis Budapest, Marine Le Pen appelle à une «grande alliance continentale des patriotes»

Marine Le Pen était reçue par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, profitant de l’occasion pour appeler à une alliance des souverainistes européens. La candidate RN à la présidentielle a dénoncé un «asservissement» des nations par l'UE.

Marine Le Pen et Viktor Orban se sont rencontrés ce 26 octobre à Budapest dans un contexte européen marqué notamment par les tensions entre Bruxelles et plusieurs pays européens concernant la politique migratoire et la question de la primauté du droit européen. Après un déjeuner en commun, Marine Le Pen a tenu une conférence de presse avec le Premier ministre hongrois. La candidate du Rassemblement national (RN) à la présidentielle a prononcé un discours d’une quinzaine de minutes, ponctué notamment de vertes critiques de l’Union européenne.

La primauté du droit européen ne figure nullement dans le traité de Rome de 1957

Dénonçant la position de la Commission européenne quant à la primauté du droit européen sur les droits nationaux, Marine Le Pen a tenu à rappeler que «la primauté du droit européen ne figure nullement dans le traité de Rome de 1957. Et lorsque cette question fut soumise aux Français lors du référendum de 2005, elle fut clairement rejetée».

Pour rappel, la candidate du RN avait rencontré le 22 octobre à Bruxelles le chef du gouvernement polonais à qui elle avait exprimé son «soutien» dans la crise opposant son pays à l'UE, en dénonçant «le chantage inacceptable» de la Commission européenne.

Durant la conférence de presse à l'issue de cette rencontre, Marine Le Pen avait fustigé l'UE, estimant que cette dernière «a dérivé en organisation fédérale et en pouvoir centralisé bruxellois». Elle est allée jusqu'à qualifier l’Union «d’empire», lui reprochant «une volonté d’asservissement [des nations] et non une volonté de coopération».

Marine Le Pen accuse l'UE d'«imposer» le multiculturalisme comme «modèle unique»

La candidate à la présidentielle de 2022 entend ainsi proposer une alternative à l'UE. Pour cette dernière, «la "vraie" Europe est basée sur le concept de liberté». Selon Marine Le Pen, la notion de souveraineté nationale doit être au cœur de cette Europe refondée. «ll ne peut y avoir de souveraineté s'il n'y a pas de peuple ; or il n'y a pas de peuple européen, il y a "des" peuples», a-t-elle déclaré, fustigeant ainsi la volonté d'Emmanuel Macron d'avancer vers une souveraineté européenne.

La rencontre avec le Premier ministre hongrois avait aussi pour but de démontrer que Marine Le Pen possède des alliés sur la scène européenne. La chef de file du RN a ainsi profité de l'événement pour appeler les souverainistes européens à dépasser leurs divergences pour coopérer.

À cet égard, la candidate du RN s'est réjouie du rapprochement des forces souverainistes siégeant au Parlement européen et appelle à une «grande alliance continentale des patriotes» ainsi qu'au «retour d'une Europe […] qui réaffirmera sa fierté et reprendra en main son destin». Si elle est élue à la présidence de la République française, Marine Le Pen promet d'aider à «réorienter l'UE».

Pour la chef de file du RN, une alliance des souverainistes est d'autant plus nécessaire que l'UE voudrait «imposer» le multiculturalisme comme «modèle unique». Marine Le Pen souhaite ainsi que l'alliance des souverainistes européens se concentre sur la question migratoire. «Au moment où l'Union européenne s'apprête à usurper la compétence en matière migratoire avec le Pacte pour l'asile et les migrations, à perpétrer un "quasi-coup d’Etat juridique", jamais l'unité des énergies nationales n'aura été aussi nécessaire», a-t-elle déclaré.

Marine Le Pen soutient la loi hongroise contre la promotion des contenus LGBT auprès des mineurs

Sur cette question, Marine Le Pen appelle à l'organisation d'un référendum posant la question du «fléau de l'immigration». Elle a d'ailleurs salué les efforts de Viktor Orban en ce sens, félicitant le Premier ministre hongrois quant à sa fermeté sur le droit d'asile et l'immigration. «Vous avez fait le choix courageux de préserver votre beau pays de la subversion migratoire que veut imposer l'UE», a-t-elle déclaré en s'adressant à Viktor Orban.

Interrogée à la sortie de la conférence de presse sur la loi contre la promotion des contenus LGBT auprès des mineurs portée par le président hongrois, Marine Le Pen a affirmé la soutenir. «Je suis contre tout prosélytisme sexuel à l'égard des enfants. J'avais même dit à l'époque "fichez la paix aux enfants. Laissez aux parents amener l'éducation qu'ils considèrent juste et mesurée". Je n'ai aucune difficulté avec ce sujet-là», a estimé la candidate à la présidentielle.

Budapest avait annoncé en juillet dernier son intention d'organiser un référendum sur la loi interdisant «de montrer l’homosexualité et le changement de genre» aux mineurs. Ce texte a suscité de vives critiques de la Commission européenne et de la France en particulier. Paris avait d'ailleurs appelé à sanctionner la Hongrie.