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Poutine : les entités militaires privées russes ne «représentent pas les intérêts de l'Etat»

Interrogé sur les activités d'entreprise de sécurité privées russes en Afrique, Vladimir Poutine a rappelé que celles-ci n'étaient pas liées à l'Etat. Il a ajouté que Moscou était prêt à agir si ces entreprises compromettaient les intérêts nationaux.

Le 21 octobre, le président russe s'est exprimé au sujet des activités d'entités militaires privées russes en Afrique, sujettes ces derniers temps à des polémiques et confusions de la part de certaines chancelleries occidentales.

Interrogé sur ce thème par Tatiana Kastoueva-Jean de l'Institut français des relations internationales à l'occasion de la 18e édition du Club Valdaï à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, Vladimir Poutine a rappelé avoir discuté des potentielles activités de l'entreprise de sécurité privée Wagner au Mali «à plusieurs reprises avec [ses] collègues français, notamment avec le président Macron».

Si elles se trouvent quelque part à l'étranger, ce n'est pas sous l'ordre de l'Etat russe

«Les intérêts d’une société militaire privée, dont les fonctions ne sont pas définies au niveau juridique en Russie, ne sont-ils pas en contradiction avec les intérêts de la Russie ?», a ensuite interrogé Tatiana Kastoueva-Jean.

Le président russe a poursuivi en ces termes : «Vous avez évoqué des entités militaires privées. Ce n'est pas l'Etat, elles ne représentent pas les intérêts de l'Etat russe. Si elles se trouvent quelque part à l'étranger, ce n'est pas sous l'ordre de l'Etat russe. Il s'agit d'un secteur privé et d'intérêts privés, y compris ceux qui sont liés à l'extraction des ressources énergétiques : l'or et les pierres précieuses.»

Moscou prêt à agir si les sociétés privées compromettent les intérêts russes

Le chef d'Etat a également déclaré que son pays veillait à ce que les activités de ces entreprises ne compromettent pas les intérêts nationaux : «Si cela entre en conflit avec les intérêts de l'Etat russe, et cela arrive parfois malheureusement, bien sûr que nous devons réagir et que nous allons réagir», a-t-il ainsi déclaré.

De source française proche du dossier et citée par l'AFP, les autorités maliennes étudient la possibilité d'un contrat avec Wagner sur le déploiement d'un millier de personnes, afin de former les forces armées du pays et d'assurer la protection des dirigeants. Sollicité par l'agence de presse mi-septembre, le ministère malien de la Défense avait reconnu mener des pourparlers avec cette société, tout en précisant «discuter avec tout le monde».

La France et d'autres nations européennes s'inquiètent ouvertement de cette perspective de partenariat. Wagner est accusée, notamment par Paris, d'agir pour le compte de Moscou là où la Russie ne veut pas apparaître de manière trop officielle. Une accusation toujours démentie par les autorités russes, qui rappellent par ailleurs que l'aide que la Russie apporte au Mali en matière de défense l'est «par le biais d’approches étatiques».

Le 24 septembre, les responsables de la Défense de 13 pays de l'Union européenne – dont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne – avaient affirmé qu'une implication de Wagner au Mali serait inacceptable. Lors d'une conférence de presse le lendemain, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait tenu à mettre les points sur les «i» à ce sujet : rappelant que le gouvernement russe n'avait «rien à voir» avec Wagner, le chef de la diplomatie avait en outre condamné la tendance européenne à s'inquiéter de l'arrivée de nouveaux acteurs étrangers sur le terrain sécuritaire malien. Selon le ministre russe, l'Union européenne et Moscou feraient mieux de coordonner leurs efforts en matière de lutte antiterroriste, au Mali et dans toute la région sahélienne.