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Le suspect du meurtre du parlementaire britannique avait suivi un programme de déradicalisation

L'homme suspecté d'avoir tué David Amess, acte motivé par «l'extrémisme islamiste», avait pourtant suivi un programme de déradicalisation. Guère assidu, il n'aurait pas été considéré comme un «sujet d'intérêt» par les autorités.

Le suspect du meurtre du député britannique David Amess, un acte qualifié de terroriste par la police, avait été orienté vers le programme national de lutte contre la radicalisation, mais ne l'a pas suivi longtemps, selon des médias britanniques. Les enquêteurs ont jusqu'au 22 octobre pour interroger cet homme de 25 ans, après l'avoir placé en détention en vertu de la loi sur le terrorisme, ce qui leur permet de prolonger sa détention.

L'enquête, confiée à la direction antiterroriste, révèle selon les premiers éléments «une motivation potentielle liée à l'extrémisme islamiste», selon la police qui a déclaré effectuer des perquisitions à trois adresses dans la région de Londres.

Le député conservateur David Amess, 69 ans et père de cinq enfants, recevait ses administrés dans une église méthodiste à Leigh-on-Sea, à environ 60 kilomètres à l'est de Londres, lorsqu'il a été poignardé à mort le 15 octobre peu après midi. L'homme interpellé serait un ressortissant britannique d'origine somalienne nommé Ali Harbi Ali, selon la BBC. 

Orienté il y a plusieurs années vers le programme Prevent, un dispositif destiné aux personnes présentant un risque de radicalisation et basé sur le volontariat, il n'y aurait pas été très assidu selon ce média et n'a jamais été officiellement considéré comme un «sujet d'intérêt» pour l'agence de sécurité nationale. Les services de police et de sécurité pensent que l'assaillant a agi seul et qu'il était «auto-radicalisé», selon le Sunday Times. Il pourrait avoir été inspiré par Al-Shabab, les islamistes liés à Al-Qaïda en Somalie.

Des veillées organisées en mémoire du député

Le père d'Ali Harbi Ali, Harbi Ali Kullane, ancien conseiller du Premier ministre somalien, a confirmé au Sunday Times que son fils était en détention et s'est dit «très traumatisé». 

John Lamb, un conseiller conservateur local, a raconté à des médias britanniques que le jeune homme avait attendu patiemment son tour avant de se jeter sur le député et de le poignarder à plusieurs reprises devant deux assistantes du parlementaire. «On m'a dit qu'il avait poignardé Sir David et qu'il avait simplement attendu dans la salle paroissiale jusqu'à l'arrivée de la police», a déclaré le 16 octobre au Telegraph Kevin Buck, vice-président de l'association de circonscription. Il avait pris rendez-vous une semaine à l'avance, selon le Daily Mail.

Un excellent parlementaire et un collègue et ami très aimé

Le 16 octobre au soir, des centaines de personnes ont assisté à une veillée aux chandelles sur un terrain de sport proche du lieu du crime, observant une minute de silence à la mémoire du député. 

En signe d'unité, le Premier ministre conservateur, Boris Johnson, et le chef du parti d'opposition travailliste, Keir Starmer, avaient déposé des gerbes de fleurs sur les lieux du drame dans la matinée du 16 octobre. Boris Johnson a laissé un message saluant un «excellent parlementaire et un collègue et ami très aimé».

De nombreuses personnes, dont des membres de la communauté musulmane, sont venues déposer des bouquets de fleurs et des hommages écrits à la victime.

Vers une protection policière pour les élus ?

Ce meurtre ravive le traumatisme encore récent de l'assassinat de la députée travailliste Jo Cox en juin 2016. L'élue de 41 ans avait été tuée de plusieurs balles et coups de couteau par un sympathisant néo-nazi, Thomas Mair, 53 ans, une semaine avant le référendum britannique sur l'appartenance à l'Union européenne.

Ces deux drames interrogent sur les dispositifs de sécurité entourant les députés quand ils sont au contact du public dans leurs circonscriptions.

«Nous devons combler les lacunes» en termes de sécurité, a déclaré la ministre de l'Intérieur, Priti Patel, sur Sky News. Interrogée sur la mise en place d'une protection policière pour les députés dans leurs circonscriptions, la ministre a déclaré que «toutes les options étaient envisagées actuellement». Elle a précisé qu'une «série de mesures» avaient déjà été mises en place depuis le 15 octobre.

Quelque 650 députés ont été contactés par la police et des policiers ont protégé les lieux où se tenaient des permanences parlementaires le 16 octobre. Priti Patel a aussi souligné que le programme Prevent fait actuellement l'objet d'un examen indépendant, destiné à l'améliorer.

David Amess lui-même avait écrit sur le harcèlement public et les abus en ligne dans son livre publié l'année dernière. «Ces attaques croissantes ont plutôt gâché la grande tradition britannique qui veut que le peuple rencontre ouvertement ses élus politiques», y avait-il avancé.