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Crise des sous-marins : l'ambassadeur de France dénonce l'attitude «puérile» de l'Australie

De retour à Canberra après avoir été rappelé à Paris, l'ambassadeur de France en Australie a évoqué une crise de confiance entre les deux pays, qualifiant l'attitude de l'Australie de «puérile» dans l'affaire des sous-marins.

L'ambassadeur de France en Australie Jean-Pierre Thébault s'est exprimé le 7 octobre dans le média ABC News sur l'état des relations entre Paris et Canberra à la suite de l'annulation du contrat d'achat de 12 sous-marins français. Le diplomate a déclaré que le gouvernement australien avait eu une attitude «puérile», et que le rupture de la confiance entre les deux nations allaient au-delà de l'affaire des sous-marins.

Jean-Pierre Thébault retourne en Australie après avoir été rappelé à Paris le 17 septembre dernier en même temps que l'ambassadeur de France aux Etats-Unis dans la foulée de la crise liée à l'annulation du «contrat du siècle». Le diplomate a affirmé qu'il avait été renvoyé à Canberra avec des instructions claires, dans le but de réévaluer les relations diplomatiques, qu'il a décrites comme ayant atteint un point de crise, selon ABC News

«Je dois tout revoir, car lorsque nous parlions de l'importance de quelque chose et que nous découvrons ensuite que ces mots étaient vides de sens, qu'est-ce qui était vrai ? Qu'est-ce qui est encore réel ?», a-t-il déclaré au média australien. Le diplomate a également estimé qu'il était «puéril de dire qu'il était impossible de consulter la France» avant l'annonce du nouveau pacte de sécurité entre l'Austraile, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Jean-Pierre Thébault a poursuivi son réquisitoire en ces termes : «Si vous ne voulez pas me croire sur parole, d'accord. Référez-vous aux mots du président [américain Joe] Biden. Référez-vous à la parole du secrétaire d'État Blinken [...] Ils ont dit officiellement que les choses auraient dû être faites différemment. Il aurait dû y avoir des consultations. Donc, si les Etats-Unis sont capables de le reconnaître, pourquoi pas les autres ?»

«C'est très sérieux [...] Nous voulons construire pour l'avenir, nous devons tout examiner»

«Êtes-vous conscient de la profondeur et de l'étendue des choses secrètes que nous échangeons actuellement avec l'Australie ?», a ensuite interrogé l'ambassadeur, en précisant qu'il s'agissait de «choses aussi importantes que le terrorisme international» et de «nombreuses questions militaires». Il a affirmé que la France était régulièrement traitée comme un partenaire du groupe de renseignement Five Eyes composé de l'Australie, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Canada et de la Nouvelle-Zélande.

Jean-Pierre Thébault a enfin déclaré que les inquiétudes concernant le niveau de confiance entre les deux nations allaient au-delà de l'affaire des sous-marins, et que l'Australie devait prouver qu'elle n'agira plus de la sorte à l'avenir. «C'est très sérieux [...] Nous voulons construire pour l'avenir, nous devons tout examiner [...] Nous devons être sûrs que ce que nous construisons est solide, et ne sera pas remis en question une fois de plus», a conclu le diplomate français.

L'Australie a rompu le mois dernier et sans avertissement le contrat portant sur l'achat de douze sous-marins à propulsion conventionnelle construits par le français Naval Goup pour une valeur de 90 milliards de dollars australiens (55 milliards d'euros), choisissant d'acheter à la place des navires à propulsion nucléaire de conception américaine. La France avait déjà expliqué publiquement qu'elle ne pouvait plus de ce fait faire confiance au gouvernement australien.