France

Le chef de la diplomatie américaine à Paris pour discuter après le «coup dans le dos» australien

Après la tempête diplomatique entre la France et les Etats-Unis à propos de la crise des sous-marins, les dirigeants américains tentent d'apaiser la colère de leur allié. Le chef de la diplomatie américaine doit ainsi se rendre à Paris le 4 octobre.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rendra à Paris le 4 octobre pour rencontrer les dirigeants français et tenter d'avancer vers des «actes concrets» permettant de sceller la réconciliation entre les Etats-Unis et la France après une crise sans précédent.

Le ministre sera dans la capitale française du 4 au 6 octobre pour une réunion de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et «rencontrera également ses homologues français afin de poursuivre les discussions sur le renforcement de la relation vitale entre les Etats-Unis et la France sur une série de questions», a annoncé le 1er octobre le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

Un nouveau tête-à-tête est notamment prévu avec son homologue français Jean-Yves Le Drian, après celui de la semaine dernière à New York à l'occasion duquel les deux hommes avaient convenu qu'il faudrait «du temps» pour tourner la page. Washington n'a pas précisé à ce stade si Antony Blinken serait également reçu par le président français Emmanuel Macron.

Le coup de froid s'est produit mi-septembre, quand le président des Etats-Unis Joe Biden a annoncé une nouvelle alliance avec l'Australie et le Royaume-Uni dans la région indo-pacifique, dans le cadre de sa grande priorité internationale : contrer la Chine. Ce partenariat stratégique, baptisé AUKUS, a suscité la colère de la France, après avoir provoqué la rupture par l'Australie d'un mégacontrat pour acheter des sous-marins français.

La réconciliation après le «coup dans le dos» ?

Paris a accusé Washington de traîtrise, évoquant même «un coup dans le dos» et une «rupture de confiance entre alliés». Le président Macron a même rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis «pour consultations», une première entre ces deux pays amis. Le diplomate, Philippe Etienne, a regagné le 29 septembre Washington où il s'est d'abord entretenu le lendemain avec le conseiller de Joe Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, puis avec Antony Blinken le 1er octobre. Car entre-temps, un coup de fil Biden-Macron, la semaine précédente, a permis d'amorcer un certain apaisement.

Le locataire de la Maison Blanche a reconnu que les Etats-Unis auraient pu mieux communiquer avec leur allié de longue date. Et les deux chefs d'Etat ont lancé un «processus de consultations approfondies» pour rétablir la «confiance».

La visite d'Antony Blinken à Paris doit marquer une étape de ce processus, avant une rencontre entre Emmanuel Macron et Joe Biden fin octobre en Europe.

Il faut que nos conversations aboutissent sur des actes concrets 

Le chef de la diplomatie américaine discutera avec les dirigeants français de la «sécurité dans la région indo-pacifique» mais aussi de «la crise climatique, la reprise économique après la pandémie de Covid-19» ou encore «la relation transatlantique», selon Ned Price.

Les Etats-Unis veulent rétablir la confiance

«Nous reconnaissons» que la réconciliation «prendra du temps et nécessitera beaucoup de travail», a insisté la secrétaire d'Etat américaine adjointe chargée de l'Europe, Karen Donfried. 

«Il faut que nos conversations aboutissent sur des actes concrets qui montrent comment, en travaillant ensemble, nous allons rétablir la confiance», a-t-elle ajouté, sans dire si des annonces étaient attendues à l'issue des entretiens parisiens.

Elle a assuré que l'alliance AUKUS ne venait pas «remplacer» d'autres partenariats. «Au contraire, nous saluons l'opportunité de discuter de comment on peut inclure l'Union européenne et d'autres partenaires dans nos initiatives dans l'Indo-Pacifique», a-t-elle assuré.

Une source européenne espérait récemment que la crise franco-américaine se révèlerait être in fine un mal pour un bien, en permettant une «clarification» entre les deux rives de l'Atlantique au sujet des ambitions d'une défense européenne complémentaire de l'OTAN, projet poussé notamment par Emmanuel Macron et qui peine à se concrétiser dans les actes.

Après Paris, Antony Blinken est attendu les 7 et 8 octobre au Mexique pour son premier voyage dans ce pays voisin des Etats-Unis en tant que chef de la diplomatie américaine.