Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune l'assure : la crise née de la rupture d'un contrat de vente de sous-marins à l'Australie a impulsé une nouvelle orientation de l'Union européenne vis-à-vis des Etats-Unis et du Royaume-Uni. «Nous ne sommes plus les herbivores de la mondialisation. Les Européens ne tendent plus la joue quand on les gifle. Cette mentalité de bons élèves qui doivent toujours chercher à tendre la main ou à s'excuser recule de jour en jour», a-t-il déclaré dans un entretien au JDD publié ce 26 septembre.
«Certains de nos alliés pensent que la parole engagée vis‑à-vis d'un grand pays européen ne vaut rien, que l'on peut travailler sur des questions stratégiques, dans une région aussi cruciale que l'Indo-Pacifique sans les Européens», a-t-il poursuivi, mettant en avant la réaction d'autres pays de l'UE qui ont exprimé leur solidarité avec Paris lors d'une réunion à Bruxelles le 21 septembre.
La relation transatlantique reste nécessaire
Le secrétaire d'Etat allemand aux Affaires européennes Michael Roth avait à cette occasion dit comprendre «très bien la déception française» après l'annonce d'un pacte, baptisé Aukus, entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni, qui a entraîné la rupture par Canberra du méga-contrat d'achat de sous-marins français. «Un signal d'alarme pour tous dans l'UE», avait ajouté le représentant allemand. «Les déclarations allemandes ou italiennes sont très claires : quand un problème de cette nature touche la France, c'est un camouflet européen», a affirmé Clément Beaune dans le JDD.
Au-delà de la fermeté du ton, le secrétaire d'Etat a néanmoins souligné que «la relation transatlantique reste nécessaire» et que l'UE «ne peut s'en dispenser». «Il n'y a pas de débat là-dessus. Mais les Européens doivent prendre conscience que leurs intérêts se définissent à Bruxelles et dans les autres capitales européennes, pas à Washington», a-t-il avancé. Questionné sur la possibilité que le président Emmanuel Macron – qui avait jugé fin 2019 l'OTAN en état de «mort cérébrale» – puisse envisager une sortie de l'organisation militaire transatlantique, Clément Beaune a toutefois semblé moins vindicatif : «Ce sont de pures inventions», a-t-il balayé.