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Propos sur l'Algérie : la Turquie accuse Emmanuel Macron de verser dans le «populisme»

Ankara a qualifié les déclarations d'Emmanuel Macron de «populisme» après la publication de propos où le président français qualifie le règne ottoman sur l'Algérie de colonisation. De quoi susciter un début de remous diplomatiques.

Alors que la France et l'Algérie sont en froid après les déclarations d'Emmanuel Macron, la Turquie s'est aussi immiscée dans le débat, fustigeant des propos du président français.

Le 2 octobre, Le Monde rapportait qu'Emmanuel Macron avait notamment déclaré  devant des descendants de protagonistes de la guerre d'Algérie : «Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c'est la question. Il y avait de précédentes colonisations. Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu'a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu'elle a joué en Algérie et la domination qu'elle a exercée.» Des déclarations qui ont  provoqué le courroux d'Alger et plongé les deux pays dans une importante crise diplomatique.

S'il a des choses à nous dire, qu'il nous les dise en face et pas dans notre dos

Ces propos ont suscité la colère du gouvernement turc, pour qui les questions mémorielles sont très sensibles. Comme le rappelle l'AFP, la Turquie, héritière de l'Empire ottoman qui a contrôlé l'actuelle Algérie pendant trois siècles, répète ainsi à l'envi n'avoir «aucune tâche comme la colonisation ou le génocide» dans son histoire.

«[Ces déclarations] populistes [sont] mauvaises au plus haut point», a de facto estimé le 7 octobre le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, où il était en déplacement. «S'il a des choses à nous dire, qu'il nous les dise en face et pas dans notre dos», a-t-il ajouté.

Ce n'est pas la première fois que la question mémorielle donne lieu à des tensions entre Paris et Ankara. En 2011, alors qu'il occupait le poste de Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan avait accusé l'armée française d'avoir commis un génocide en Algérie. L'accusation intervenait alors au lendemain du vote par l'Assemblée nationale d'une proposition de loi pénalisant la contestation de tout génocide, dont celui perpétré par les Turcs contre les Arméniens en 1915. 

En mai 2018, cette fois à la tête de la Turquie, il avait accusé la France d'avoir «massacré cinq millions de musulmans» lors de la guerre d'indépendance.