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La Géorgie dit avoir arrêté et incarcéré l'ex-président Mikheïl Saakachvili

Mikheïl Saakachvili, ancien président géorgien et ancien gouverneur de la région d'Odessa en Ukraine, a été arrêté et placé en détention en Géorgie, selon le Premier ministre de ce pays.

«Le troisième président de Géorgie, Mikheïl Saakachvili, a été arrêté et envoyé en prison», a déclaré le Premier géorgien ministre Irakli Garibachvili lors d'une conférence de presse ce 1er octobre. Mikheïl Saakachvili était recherché en Géorgie pour «abus de pouvoir» dans une affaire qu'il juge politique. Il avait déclaré ce 1er octobre être rentré en Géorgie après un exil de huit ans.

Irakli Garibachvili a précisé que les forces de l'ordre avaient suivi les déplacements de Mikheïl Saakachvili à partir de l'Ukraine et avaient «décidé d'une opération de police au lieu et au moment où il y avait le moins d'obstacles à l'arrestation».

Selon les médias géorgiens, Mikheïl Saakachvili est détenu dans une prison de Roustavi, près de la capitale Tbilissi.

Le parcours chaotique de Mikheïl Saakachvili

Le parcours de Mikheïl Saakachvili est pour le moins chaotique depuis 15 ans. En 2004, il accède au pouvoir en Géorgie après avoir été un des acteurs de la révolution des Roses, l'une des révolutions de couleur ayant eu lieu dans des pays de l'ancienne URSS et qui a conduit à la démission du président Edouard Chevardnadze, ancien ministre soviétique des Affaires étrangères. Au cours de son mandat, Mikheïl Saakachvili tisse des liens avec les centres de pouvoir occidentaux, mais aussi avec des personnalités politico-médiatiques comme Raphaël Glucksmann, qui sera son conseiller de 2009 à 2013.

Le dirigeant fait ainsi de l'adhésion de la Géorgie à l'Union européenne et à l'OTAN sa priorité : si, au bout du compte, il ne s'agira que d'un simple rapprochement, Mikheïl Saakachvili place clairement Tbilissi dans les sphères d'influences de Bruxelles et Washington. Fort de leur soutien, Mikheïl Saakachvili se lance en 2008 dans une aventure militaire contre les républiques d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud (qui s'étaient prononcées pour la sécession avec la Géorgie), où il subit un important revers à la suite d'une intervention militaire russe. Cinq ans plus tard en 2013, il perd l'élection présidentielle géorgienne et se voit contraint à l'exil afin d'échapper à des poursuites judiciaires, notamment pour «abus de pouvoir». Il choisit alors de se réfugier aux Etats-Unis.

Après le coup d'Etat de Maïdan en Ukraine en 2014, le nouveau chef d'Etat Petro Porochenko le propulse sur le devant de la scène politique de son pays, lui offrant la nationalité ukrainienne afin qu'il puisse devenir gouverneur de la région d'Odessa.

Mikheil Saakachvili donne toutefois une orientation quelque peu surprenante à sa carrière, en s'opposant farouchement à Petro Porochenko qu'il accuse de corruption. Le président ukrainien se retourne alors contre lui et le déchoit de sa nationalité ukrainienne en juillet 2017. S'ensuivent plusieurs épisodes tragicomiques pour l'ancien président devenu apatride (il ne dispose plus de la nationalité géorgienne qu'il avait été obligé d'abandonner, la Géorgie n'acceptant pas la double nationalité), dont l'épilogue est son expulsion vers la Pologne le 12 février 2018 après son arrestation lors d'une spectaculaire opération commando.

L'élection de Volodymyr Zelensky rabat une nouvelle fois les cartes pour Mikheïl Saakachvili. Le nouveau président ukrainien a en effet amendé le décret de son prédécesseur en retirant Mikheïl Saakachvili de la liste des personnes privées de leur nationalité ukrainienne. Il est, enfin, nommé le 7 mai 2020 au Conseil national des réformes ukrainien. Mikheïl Saakachvili «aidera à mettre en œuvre des changements importants dans la vie du pays», avait fait savoir le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un communiqué.