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La Corée du Nord annonce le lancement réussi d'un missile hypersonique

L'agence de presse nord-coréenne a annoncé que le pays avait réalisé un essai de ce type de missile naviguant à une vitesse plusieurs fois supérieure à celle du son. Le même jour, la Corée du Sud inaugurait son troisième sous-marin lanceur d'engins.

Le 28 septembre, la Corée du Nord a testé avec succès un missile planeur hypersonique. L'annonce a été faite le lendemain par l'agence de presse publique KCNA, qui a présenté cet essai comme une avancée technologique majeure. La réussite de cet essai revêt «une grande importance stratégique» au moment où Pyongyang cherche à «multiplier par mille» ses capacités de défense, a affirmé KCNA.

Les missiles hypersoniques sont beaucoup plus rapides que les missiles balistiques ou de croisière classiques. Ils sont aussi beaucoup plus difficiles à détecter et à intercepter par les systèmes de défense antimissile, pour lesquels les Etats-Unis dépensent des milliards de dollars.

Un missile présentant des «caractéristiques de vol différentes»

L'essai, réalisé depuis la province de Jagang, dans le nord du pays, a «confirmé le contrôle de la navigation et la stabilité du missile» de même que «la manœuvrabilité de son système de guidage et les caractéristiques de vol plané de l'ogive hypersonique détachée», a encore affirmé KCNA. «Les résultats des tests ont prouvé que toutes les spécifications techniques étaient conformes aux exigences de conception», est-il ajouté dans le communiqué.

Le lancement du missile – identifié comme le Hwasong-8 – a été supervisé par un membre haut placé de l'appareil d'Etat nord-coréen, Pak Jong Chon, selon le communiqué qui ne fait pas mention du dirigeant Kim Jong-un.

Le journal public Rodong Sinmun a publié une photo de l'engin, muni d'un ensemble d'ailettes de guidage, s'élevant dans le ciel matinal.

L'armée sud-coréenne avait annoncé le lancement d'un projectile par le Nord peu après l'avoir détecté dans la matinée du 28 septembre. Mais, contrairement à son habitude, elle n'a pas dévoilé officiellement l'altitude maximale atteinte par le missile ni la distance parcourue – des informations que Séoul rend généralement publiques dans l'heure.

Selon des médias sud-coréens, le projectile lancé le 28 septembre par la Corée du Nord avait «des caractéristiques de vol différentes» de celles des précédents engins. Le président sud-coréen Moon Jae-in a demandé une «analyse exhaustive» de l'événement.

Pyongyang avait déjà procédé à plusieurs autres tirs de missiles ce mois-ci, l'un impliquant des missiles de croisière à longue portée et un autre impliquant des missiles balistiques à courte portée, selon l'armée sud-coréenne.

Le Nord fait l'objet de multiples sanctions internationales en raison de ses programmes d'armement nucléaire et de missiles balistiques, et a déclaré au début du mois avoir testé un missile de croisière à longue portée.

Un plan quinquennal pour les armes stratégiques 

Le développement du missile hypersonique est l'une des cinq tâches «prioritaires» du plan quinquennal pour les armes stratégiques, selon KCNA.

Ce plan présenté en janvier par Kim Jong-un – qui a érigé à cette occasion les Etats-Unis en «ennemi principal» – prévoit aussi le développement d'un sous-marin à propulsion nucléaire et des missiles balistiques intercontinentaux.

Selon Lim Eul-chul, professeur à l'Institut d'études de l'Extrême-orient, Pyongyang utilise le développement de son armement «comme un moyen de créer un espace pour des manœuvres diplomatiques et aussi pour renforcer sa posture militaire». Le chercheur s'attend à d'autres tirs dans l'avenir : «D'une certaine manière, le comportement récent du Nord est très prévisible, ils avaient annoncé des actions militaires et les exécutent maintenant étape par étape.»

Depuis l'arrivée de Kim Jong-un à la tête du pays, les programmes d'armement ont progressé, mais Pyongyang n'a procédé à aucun essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental depuis 2017.

Une course aux armements entre les deux Corées ? 

Les deux Corées renforcent leurs capacités militaires dans ce qui pourrait devenir une course aux armements sur cette péninsule divisée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. 

Séoul consacre également des milliards de dollars au développement militaire et a réussi ce mois-ci le premier tir d'essai d'un missile balistique lancé par sous-marin (SLBM), ce qui en fait l'une des rares nations à disposer de cette technologie avancée. Le 28 septembre également, la Corée du Sud a organisé une cérémonie pour le lancement de son troisième sous-marin lanceur de SLBM.

De plus, Washington et Séoul sont liées par un traité de sécurité, et les Etats-Unis stationnent environ 28 500 soldats dans le Sud. Les pourparlers de la Corée du Nord avec les Etats-Unis sont dans l'impasse depuis l'échec du sommet de 2019 à Hanoï entre Kim Jong Un et le président américain de l'époque, Donald Trump.

L'administration Biden a condamné le lancement du 28 septembre comme une violation des sanctions et une menace pour la communauté internationale. Elle a déclaré à plusieurs reprises qu'elle était disposée à rencontrer des responsables nord-coréens partout, à tout moment et sans conditions préalables, dans le cadre de ses efforts de dénucléarisation. Mais le Nord n'a montré aucune volonté de renoncer à son arsenal, dont il dit avoir besoin pour se défendre en cas d'invasion américaine.